COP27: les femmes kényanes, victimes directes du changement climatique

La COP27 bat son plein en Égypte. Un thème sera abordé, celui du sort des femmes face au changement climatique. Le Kenya, fait face à une importante sécheresse, la troisième en l’espace de dix ans. Le comté de Samburu, au nord du pays, n’y fait pas exception. C’est un des plus frappés par le manque d’eau bouleversant le quotidien des femmes.

Dans le village de Sirata, les femmes gèrent le foyer au quotidien. Arborant leurs grands colliers de perles multicolores, elles s’occupent des enfants et des repas de la famille. Mais elles subissent de plein fouet les effets de la sécheresse. Anastasia Lesootia a emménagé ici lors de son mariage, à ses vingt ans. Elle en a aujourd’hui 46. Assise dans sa manyatta, ces habitations traditionnelles en bois recouvertes de bâches, cette maman de huit enfants décrit un quotidien difficile.

Les restes de betails decimés

« Il y a tellement de défis ici. Je suis arrivée pour mon mariage, il y a 26 ans, j’ai toujours connu des périodes sèches, mais jamais comme celle-ci. Tout meurt, les vaches, les chèvres, les chameaux, les ânes. Et nous, on reste ici impuissants avec les enfants. Il n’y a plus rien pour eux. Il arrive que nous restions quatre jours sans manger », déplore-t-elle. Près de 3,5 millions de Kényans sont déjà en situation d’insécurité alimentaire.

Anastasia n’a plus qu’une vache sur 47 et plus que trois chèvres sur 68… Son bétail est décédé sur la route à la recherche de pâturages. Les quatre dernières saisons des pluies n’ont pas été au rendez-vous. Et les prévisions pour la saison actuelle, qui a commencé en octobre, sont mauvaises. Autour de son village, tout est asséché, y compris la source d’eau habituelle.

Marcher 40 kilomètres par jour enceinte pour avoir de l’eau

« Désormais, nous allons à une autre à dix kilomètres. Nous partons tôt le matin, là, c’est déjà la mi-journée les femmes qui y sont allées aujourd’hui ne sont pas encore rentrées, elles vont revenir vers 15 heures, précise Anastasia. Nous avions une source d’eau plus proche, mais elle n’est plus bonne, car les éléphants et d’autres animaux viennent aussi y boire. »

Pour aller remplir son bidon d’eau, Anastasia Lesootia dit devoir faire plusieurs pauses sur le chemin. Car elle est enceinte de son neuvième enfant. Et l’accouchement est pour bientôt. Comme elles, de nombreuses femmes dans la région voient leur grossesse affectée par la sécheresse. C’est ce qu’a constaté

« À cause de la sécheresse, les femmes enceintes marchent parfois jusqu’à 40 kilomètres par jour pour chercher de l’eau, elles doivent la pomper et porter le bidon rempli jusqu’à chez elles. Elles secouent aussi les arbres pour faire tomber des branchages pour leurs chèvres, constateLucy Mbae, infirmière dans un centre médical de Samburu. Ces efforts, fournis enceintes, entraînent des accouchements prématurés ou des fausses couches. Nous n’en avions presque pas auparavant, mais cette année, à cause du manque de pluie, nous assistons à une explosion de leurs nombres. »

Malgré tous ces défis, Anastasia Lesootia ne se voit pas partir de Sirata. « Pour aller où ? » demande-t-elle. Mais elle ne voit pas non plus comment une saison des pluies pourrait améliorer son quotidien. Ayant désormais perdu presque tout son bétail et face aux sécheresses répétées, son seul espoir, dit-elle, repose dans l’aide humanitaire.

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