Le Togo officialise son pacte énergétique à Londres pour un accès universel à l’électricité d’ici 2030
Le Togo a récemment franchi une nouvelle étape décisive dans sa quête d’un accès universel à l’électricité d’ici 2030, en présentant son pacte énergétique national à Londres dans le cadre de l’initiative « Mission 300 ». Cette initiative ambitieuse est pilotée par la Banque africaine de développement (BAD) et la Banque mondiale, avec l’appui de multiples partenaires techniques et financiers internationaux.

Le Togo rejoint ainsi un groupe restreint de pays africains — aux côtés du Burundi, du Ghana, du Mozambique et du Zimbabwe — ayant officiellement entériné leur engagement à travers la signature d’un pacte énergétique. Ce pacte constitue une feuille de route stratégique visant à résoudre de manière durable la question de l’accès à l’électricité pour tous les citoyens, en particulier les plus vulnérables vivant en milieu rural.
Un engagement renforcé pour la justice énergétique
La participation togolaise à cette rencontre internationale témoigne de la volonté politique forte du pays de faire de l’énergie un levier de développement économique, de lutte contre la pauvreté et de transformation sociale. Porté par le gouvernement togolais, ce pacte s’articule autour d’une série de projets structurants d’extension du réseau électrique, d’intégration de solutions solaires off-grid (hors réseau), et d’optimisation de la production énergétique nationale.
En 2024, le taux de couverture nationale en électricité au Togo atteignait environ 70 %, avec une disparité importante entre les zones urbaines et rurales. Pour combler cet écart, les autorités togolaises ont élaboré une stratégie inclusive combinant investissements publics, partenariats public-privé (PPP), et financement multilatéral. L’État mise sur une meilleure mobilisation des ressources, une gouvernance renforcée du secteur de l’énergie, ainsi qu’une réglementation favorable à l’initiative privée.
La « Mission 300 » : une dynamique panafricaine contre la pauvreté énergétique
Lancée pour catalyser l’électrification rapide de 300 millions d’Africains d’ici 2030, la « Mission 300 » se veut une réponse collective à l’urgence énergétique du continent. Selon les données de la Banque mondiale, environ 600 millions de personnes en Afrique, soit plus de 80 % de la population mondiale non connectée, n’ont toujours pas accès à l’électricité.

Le président du Groupe de la Banque mondiale, Ajay Banga, a souligné l’importance cruciale du secteur privé dans la réalisation de cette mission. « Notre travail consiste à permettre au secteur privé d’investir de manière responsable et fructueuse afin de créer des emplois », a-t-il affirmé. Il a également appelé à une meilleure coordination entre les institutions financières internationales et les gouvernements africains pour réduire les obstacles à l’investissement énergétique.
Son homologue de la BAD, Akinwumi Adesina, a quant à lui insisté sur le caractère structurel de la question énergétique. « L’Afrique ne peut pas prospérer dans l’obscurité. Le temps des demi-mesures est révolu. Nous devons assurer un accès universel à l’électricité pour l’Afrique », a-t-il déclaré avec fermeté, appelant à un sursaut continental contre la pauvreté énergétique, qui freine l’industrialisation, l’innovation et la compétitivité économique du continent.
Une plateforme d’échange et de mobilisation des ressources
La réunion de Londres a également été l’occasion d’examiner les mécanismes innovants susceptibles d’attirer davantage de capitaux privés vers les projets d’électrification en Afrique. Pour le Togo, cette vitrine internationale a permis de présenter ses progrès notables en matière d’infrastructure énergétique et ses ambitions à long terme.
Parmi les initiatives phares du gouvernement togolais figurent :
- le développement de mini-réseaux solaires dans les zones rurales reculées,
- la digitalisation des services énergétiques (facturation, maintenance, supervision),
- la modernisation des réseaux de distribution,
- et la création d’un environnement réglementaire favorable aux investissements étrangers.
L’Agence togolaise d’électrification rurale et des énergies renouvelables (AT2ER), bras opérationnel de la politique énergétique nationale, joue un rôle central dans la mise en œuvre du pacte. En lien avec les partenaires techniques tels que Power Africa, le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) ou encore l’Alliance pour l’électrification rurale, le Togo entend renforcer sa capacité d’action, améliorer la résilience énergétique du pays et garantir l’inclusivité de la transition énergétique.
Un avenir énergétique plus juste et plus durable
L’adhésion du Togo à la dynamique de la « Mission 300 » traduit une volonté affirmée de sortir du cercle vicieux de la précarité énergétique. L’accès à l’électricité est non seulement un droit fondamental, mais aussi un catalyseur de progrès humain, d’éducation, de santé, d’emploi et de développement local.
Alors que le pays poursuit son ambition de devenir un hub énergétique dans la sous-région ouest-africaine, la concrétisation des engagements du pacte énergétique dépendra de la continuité des efforts politiques, de la transparence dans la gestion des projets, et de la capacité à mobiliser des financements durables.
En rejoignant cette initiative panafricaine, le Togo envoie un signal fort : celui d’un pays résolument tourné vers l’avenir, conscient que l’énergie est au cœur de toute transformation économique durable.
Cécile DOLEME