Municipales 2025 : Les Comités locaux de paix en première ligne pour garantir des élections apaisées au Togo

À l’approche des élections municipales prévues pour le 17 juillet 2025, le Haut-Commissariat à la Réconciliation et au Renforcement de l’Unité Nationale (HCRRUN) redouble d’efforts pour renforcer les capacités des Comités Locaux de Paix (CLP). Ces structures citoyennes de veille, présentes dans les 39 préfectures du pays, se positionnent comme des acteurs incontournables pour la prévention des tensions et la consolidation de la paix en période électorale.

Renforcer les CLP pour prévenir les crises électorales

Le 30 juin à Lomé, les responsables des CLP ont pris part à un atelier de renforcement de capacités visant à mieux cerner leur mission dans le contexte électoral. À travers cet encadrement, le HCRRUN entend consolider leur rôle dans la gestion pacifique des processus politiques à la base.

La sensibilisation au cœur de leur mission

Pour le consultant en droits humains et gouvernance, Bernard Anoumo Dodji Bokodjin, la sensibilisation reste la mission essentielle des CLP. Il invite ces derniers à multiplier les rencontres communautaires, à organiser des causeries éducatives et à animer des émissions sur les radios locales. L’objectif : encourager le respect des opinions politiques divergentes, rejeter la violence et promouvoir des comportements citoyens avant, pendant et après les scrutins.

Dans la préfecture des Lacs, un vaste programme de sensibilisation est déjà en cours. « Nous irons à la rencontre des chefferies traditionnelles et des groupements de femmes pour délivrer un message fort sur la paix », a expliqué Mme Dovi Ohiniba Situ Elom, trésorière du CLP des Lacs. Les valeurs prônées sont la cohésion sociale, la maîtrise de soi et l’acceptation des résultats électoraux, a-t-elle précisé.

Dans la Kozah, Mme Katagna Mireille, trésorière du CLP, a souligné que des activités de sensibilisation, notamment des émissions radiophoniques, sont déjà en cours pour promouvoir la culture de la paix et la cohésion sociale.

Un rôle d’alerte précoce pour désamorcer les tensions

Outre la sensibilisation, les CLP ont pour mission d’identifier les signaux avant-coureurs de crise. Ils doivent surveiller les discours haineux, contrer les fausses informations et détecter les éventuels litiges électoraux. « Il leur revient de collaborer étroitement avec les forces de sécurité pour garantir la non-violence pendant la campagne et le jour du scrutin », a soutenu Mme Katagna Mireille.

Médiateurs de proximité et facilitateurs du dialogue

En cas d’incidents, les CLP doivent intervenir en tant que médiateurs pour désamorcer les tensions. Leur rôle est d’ouvrir un espace de dialogue et d’éviter toute escalade. Le vice-président du CLP Kpendjal, Abdoulaye Bassirou, mise sur une approche inclusive impliquant les femmes. « Les femmes sont naturellement porteuses de paix. En les impliquant davantage, nous renforçons nos chances d’avoir des élections apaisées », a-t-il affirmé.

Neutralité et obligation de réserve : une exigence absolue

S’adressant aux responsables des CLP, la présidente du HCRRUN, Mme Awa Nana-Daboya, a rappelé les principes de neutralité et de réserve qui doivent guider leur action. Elle les a invités à ne jamais empiéter sur les prérogatives des organes électoraux officiels : « Les CLP ne doivent en aucun cas se substituer aux démembrements de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ou aux agents chargés de trancher les contentieux électoraux », a-t-elle insisté.

Les CLP, piliers de la paix locale depuis 2016

Mis en place en 2016 grâce à une initiative conjointe du gouvernement, du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et du HCRRUN, les Comités Locaux de Paix sont composés de leaders communautaires, religieux, de jeunes, de femmes et d’acteurs de la société civile. Leur mandat est de prévenir les conflits sociaux et politiques à la base, avec une attention particulière en période électorale.

Alors que les municipales approchent, le rôle des CLP s’avère plus que jamais crucial pour maintenir le tissu social et garantir un climat électoral apaisé.

Adjovi TOESSI

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