Protection du littoral togolais : un nouveau chantier stratégique lancé entre Gbodjomé et Goumoukopé
Au Togo, la lutte contre l’érosion côtière franchit une nouvelle étape avec le démarrage d’un important chantier de protection entre Gbodjomé et Goumoukopé, dans le cadre du programme régional WACA ResIP.
D’un coût global estimé à 33,48 milliards de francs CFA (environ 51 millions d’euros), ce projet ambitieux est financé par plusieurs partenaires internationaux, notamment la Banque mondiale, l’Agence française de développement (AFD) et Invest International. Il s’inscrit dans la dynamique d’adaptation côtière en Afrique de l’Ouest, où le phénomène d’érosion met en péril des milliers de foyers.

Prévu pour durer 18 mois – de juin 2025 à novembre 2026 – le chantier prévoit la construction de 22 épis transversaux : 20 à Gbodjomé et 2 à Goumoukopé. Ces ouvrages, d’une longueur comprise entre 65 et 75 mètres, seront accompagnés d’un rechargement massif en sable, à hauteur de 865 000 m³, pour restaurer les plages et combler deux bras lagunaires dégradés à Aného.
Parallèlement, un reboisement de 10 hectares de cocotiers est prévu, afin de renforcer la stabilisation naturelle des rivages et appuyer les mesures d’ingénierie par des solutions fondées sur la nature.
Cette initiative complète les infrastructures précédemment réalisées sur d’autres segments du littoral, dans un contexte où plus de 8000 ménages vivent à proximité immédiate de la mer. À l’horizon 2050, près de 80 % de la population togolaise pourrait résider en zone côtière, soulignant l’urgence d’une réponse durable.
Le projet a été confié, une fois encore, à l’entreprise néerlandaise Boskalis International, déjà à l’œuvre sur le tronçon Agbodrafo–Sanvee Condji. La supervision est assurée par le cabinet allemand Inros Lackner, spécialiste des travaux d’ingénierie maritime.
Les premières activités techniques (relevés topographiques, études géotechniques, identification de carrières et gisements de sable) ont été lancées dès juin 2025, profitant de la saison moins propice aux opérations en mer pour préparer efficacement les phases suivantes. Au total, ce sont 1,3 million de m³ de sable marin et 150 000 m³ de rochers qui seront mobilisés, répartis sur six zones de stockage préalablement indemnisées dans le cadre du Plan d’Action de Réinstallation (PAR).

Au-delà de la dimension infrastructurelle, le projet se veut également social et environnemental. Il intègre une gouvernance participative impliquant les collectivités locales dans la gestion des plaintes et le suivi environnemental. Une composante communautaire vise par ailleurs à encourager des activités économiques alternatives, en particulier pour les femmes et les jeunes affectés par les effets du changement climatique.
Pour l’ensemble des partenaires – dont l’UEMOA – ce projet a vocation à faire du corridor côtier Est du Togo un modèle régional de résilience côtière, combinant ouvrages de protection et solutions écologiques durables, comme la revalorisation des mangroves et la reforestation.
Ing Ilyame OURO-LOWAN