3ème Forum de la CEDEAO sur l’éducation à la culture de la paix à travers le dialogue intra et inter-religieux

Lomé la capitale togolaise accueille depuis le 27 octobre le 3ème Forum de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur l’éducation à la culture de la paix à travers le dialogue intra et inter-religieux. C’est le ministre des affaires étrangères l’intégration Régionale et des Togolais de l’extérieur le Professeur Robert Dussey qui a ouvert les travaux en présence des leaders religieux et coutumier et des politiques. Après la 1ère et 2ème  éditions, tenue successivement en 2016 et 2018 à Niamey au Niger, la 3ème édition se fixe un objectif crucial notamment mettre fin à l’extrémisme violent en mettant à contribution les chefs coutumiers et leaders religieux dans une approche inclusive. Ce Forum Co-organisé par la Commission de la CEDEAO est placé sous le Thème « Communautés, extrémisme violent et cohésion sociale en Afrique de l’Ouest ».L’objectif fixé est de renforcer les mécanismes de dialogue au sein des  différentes communautés, de cultiver la compréhension mutuelle, l’esprit de tolérance et la coexistence  pacifique entre les religions,à travers l’éducation à la culture de la paix.

Retrouvez l’intégralité du discours du ministre Robert Dussey

À l’heure où notre région fait face à de nouvelles menaces d’ordre sécuritaire et à un risque avéré d’instabilité, votre présence au Togo autour de la CEDEAO des communautés et de la problématique de la cohésion sociale en Afrique de l’Ouest en proie à l’extrémisme violent est l’expression d’une prise de conscience régionale.   

Permettez-moi, tout d’abord, de vous souhaiter, au nom du Président de la République Togolaise, Son Excellence Faure Essozimna GNASSINGBE, sous le patronage duquel se déroule la présente édition du Forum, la cordiale bienvenue à la Lomé, ville de paix, de dialogue, des médiations et de la tolérance ; ville l’intégration régionale et africaine.

la table à ,l’ouverture

Permettez-moi également de saluer la présence parmi nous des trois parrains du forum, notamment le représentant du Khalife général des Tidianes du Sénégal, Archevêque de Freetown (Liberia) et le Chef suprême de la région traditionnelle d’Essikado du Ghana.

Je voudrais, en outre, saluer les relations de bon voisinage entre l’ensemble de nos pays de la région et l’étroite collaboration entre la CEDEAO et le Togo. Nos Etats appartiennent à un espace commun du risque et de défis partagés, et la CEDEAO offre à notre région un cadre d’action transnational où il est possible de traiter des questions qui nous intéressent à la fois individuellement et collectivement.

Les frontières entre le domestique et le régional se sont tellement amenuisées aujourd’hui au point qu’un mal qui touche durablement un pays a vocation à se régionaliser. La dissémination de la menace des groupes armés terroristes dans la région en est une illustration violente et nous n’avons le choix que de mettre ensemble nos stratégies pour faire conjointement face aux défis que nous impose les développements pathologiques en cours sein de la société ouest-africaine. En temps de crise, la solidarité dans l’action est une valeur cardinale.

Mesdames et Messieurs,

« Le grand problème de la vie, c’est la mutuelle compréhension », disait Amadou Hampâté Bâ. En instituant le Forum régional sur l’Education à la culture de la paix à travers le dialogue intra et inter religieux en 2016, la CEDEAO a sans doute pris la mesure de la difficile question de la coexistence humaine au sein des Etats membres et de l’espace intra-régional.

Pour une coexistence pacifique durable dans la région, il nous faut construire à l’échelle de nos Etats et dans tout l’espace CEDEAO une résilience sociétale qui suppose un effort soutenu de mutuelle compréhension, de tolérance, de dialogue et de dépassement de soi pour réapprendre à vivre-ensemble. Qui veut la paix, éduque à la paix. La paix n’est pas qu’absence de belligérance. Elle est l’œuvre du quotidien, le résultat de l’engagement au quotidien pour dépouiller nos vivre-ensembles des relents bellicistes, du poison de l’intolérance et des affrontements intra et intercommunautaires.

En faisant reculer les frontières de l’ignorance, de l’intolérance, des fondamentalismes et des extrémismes religieux, nous pourrons arriver à rétablir le lien originel religion et paix, religion et cohésion sociale. Pas de paix dans le monde sans la paix entre les religions, disait Hang Küng. Pour le paraphraser, je dirai qu’il n’y a pas de paix régionale en Afrique de l’Ouest sans paix intra et inter religieuse, l’harmonie interconfessionnelle et entre les communautés religieuses.

Mesdames et Messieurs,

Comment, à partir des communautés, construire la cohésion sociale dans une région en proie à l’extrémisme violent ? Pour construire la cohésion sociale dans les contextes difficiles actuels de nos Etats et de notre région, il faut agir sur les dynamiques conflictuelles, les antagonismes et errements catastrophiques entre communautés susceptibles d’alimenter et de fournir de carburant à l’extrémisme violent. La paix dans l’ensemble de la région ouest-africaine passe en partie par la cohésion dans et entre  les communautés.

Le thème de cette troisième édition du Forum régional « Communautés, extrémisme violent et cohésion sociale en Afrique de l’Ouest» s’inscrit clairement dans l’actualité sécuritaire de la région où les terroristes essaient dans certains pays de récupérer et d’utiliser les dissensions entre communautés et entre groupes ethniques à des fins de déstabilisation de la cohésion sociale et d’affaissement des États.

Dans d’autres pays, les communautés locales sont devenues les lieux où les groupes extrémistes recrutent leurs combattants. Les communautés ne doivent pas être ni complices ni passives face aux incursions terroristes. Elles doivent développer leurs capacités internes de résistance aux forces du mal, mais aussi sont en droit d’attendre des Etats et de la région protection. C’est en offrant protection et garantie de sureté aux communautés que nous leur permettrons de jouer leur rôle d’actrices de la paix.

La cohésion sociale à l’échelle des communautés est indispensable au maintien de la cohésion sociale au niveau des Etats et la cohésion interne aux Etats est un facteur de stabilité régionale. La transversalité du concept de cohésion sociale révèle qu’il n’y a pas de cohésion à l’échelle régionale sans cohésion au sein des Etats et au niveau des communautés. Pas de paix régionale durable sans cohésion intra et inter communautaires.

« La cohésion sociale est due en grande partie à la nécessité pour une société de se défendre contre d’autres », dit Henri Bergson. En renforçant la cohésion sociale au niveau des communautés, des Etats et de l’espace CEDEAO, nous offrirons à notre région la chance de se défendre contre ses ennemis, je veux dire les groupes extrémistes.  

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Vénérables Chefs traditionnels et religieux, Chers panélistes,

Débarrasser notre région des menaces à la paix, notamment de l’extrémisme violent, tel est l’objectif primordial de ce forum de diplomatie préventive. Vous serez amenés, au cours des travaux du forum, à explorer les pistes et les mécanismes de consolidation du dialogue intra et intercommunautaire et de renforcement de la cohésion sociale et de la résilience dans notre région.

Toute la région a cette semaine le regard tourné vers Lomé, ville de paix, de dialogue, des médiations et de la tolérance. Tout comme les deux précédentes éditions du forum tenues à Niamey au Niger ont été couronnées de succès, je reste convaincu que le forum de Lomé débouchera sur des recommandations pertinentes et des propositions d’actions concrètes qui aideront nos Etats et l’ensemble de la région à relever les défis liés à la cohésion sociale, à la paix et à la stabilité.  

C’est sur cette note d’espoir que je déclare, au nom de Son Excellence Faure Essozimna GNASSINGBE, Président de la République Togolaise, ouverts les travaux de la troisième édition du forum régional sur l’Education à la culture de la paix à travers le dialogue intra et inter religieux.

Plein succès à vos travaux et bon séjour de travail à toutes et à tous à Lomé.

Je vous remercie pour votre aimable attention.

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