‘’il faut féliciter le Togo  et rendre hommage à son président qui œuvre pour que la filière   soit au cœur des discussions au sein de l’Union africaine’’ dixit  S.E.M. ALY TOURE,.

Le Togo abrite du 14 au 18 novembre 2022 la 22ème édition de la réunion annuelle de l’organisation inter-africaine du café. Placée sous le thème :’’Autonomisation des jeunes et des femmes dans l’industrie africaine du café’’, elle se veut une rencontre d’échanges et de partage d’expériences. L’une des voix les plus audibles sur la question du café en Afrique Francophone est à n’en point douter SEM Aly Touré, représentant permanent de la Cote d’Ivoire auprès des organisations internationales de produits de base. A travers cette interview accordée à Vision d’Afrique, il fait un tour d’horizon des défis et les enjeux de la chaine de valeur de la filière café en Afrique en général et en Afrique de l’Ouest en particulier .Il aborde également la question de la fluctuation des prix et de ses conséquences sur toute la filière

Lisez plutôt.

S.E.M. Aly Toure

Vision d’Afrique : Parlez-nous de ce forum de haut niveau sur le secteur caféier

 SEM ALY Touré : Le forum politique de haut niveau, c’est une plateforme si non  un cadre d’échanges entre les Etats membres de l’Organisation interafricaine du café. Une occasion pour partager les expériences et parler des initiatives et des points clés qui concourent ou qui affectent la durabilité  du secteur caféier en Afrique. Il faut rappeler que nous avions organisé un forum de haut niveau l’année précédente à Kigali au Rwanda et dont le terme s’intitulait : « La promotion de la consommation et la transformation du café dans les pays d’origine d’une part  et d’autre part le rôle que  le secteur privé pourrait  jouer dans  l’industrie caféière de l’Afrique, notamment des 25 pays producteurs de l’Organisation International du Café ». Ainsi donc pour l’édition de cette année le terme est : « L’implication des femmes et des jeunes dans l’industrie caféière africaine ».

Vision d’Afrique : Eu égard à l’évolution des prix,  pensez-vous vous mettre prochainement sur pied  à une bourse africaine du café?

SEM ALY TOURE : A la faveur des échanges, il y a des délégués  qui ont parlé de la problématique des prix sur le marché international notamment la bourse de New York et la bourse de Londres  et il était question de savoir s’il y a la possibilité d’avoir une bourse africaine de café. A cette interrogation j’avais indiqué qu’en ma qualité de représentant de la Cote d’Ivoire à l’Organisation international du café, par ailleurs porte-parole des pays producteurs de cacao,  que mon groupe avait sollicité auprès du secrétariat, l’étude de la faisabilité de la mise sur pied d’une bourse africaine de cacao. Nous avons à cet effet commis un  Expert-consultant qui nous a fait les premières ébauches de cette étude de faisabilité avec les termes de références. Cela va sans dire que c’est un exemple qu’on pourrait copier. Pour dire que c’est un bon exemple que les pays africains pensent à mettre sur pied une bourse de café comme c’est le cas pour le cacao.

Vision d’Afrique : Quelles alternatives pour les africains pour atténuer les effets des pris sur le marchés, aussi bien  pour le café que le cacao puisque vous maitriser bien les deux filières ?

SEM ALY TOURE : Les organisations internationales sont régies par les accords internationaux. Dans les anciens accords, il y avait le système de quota, c’est-à-dire que chaque pays avait la latitude  de produire un certain tonnage pour ne pas inonder le marché avec les fèves de cacao, parce que quand le marché est  ainsi inondé,  les prix vont à la baisse. Et depuis un moment le système de quota a disparu  des accords internationaux, donc  nous sommes dans l’offre et la demande. Eu égard à la volatilité du marché, je dois avouer qu’il  est difficile aux  pays producteurs, de maitriser  les coûts mondiaux puisque cela ne dépend pas de nous, mais de l’offre et la demande comme je viens de le dire et sans oublier la spéculation que les consommateurs font sur nos produits de base. A cet effet, nous avons estimé qu’à un moment donné, les leviers de la transformation et de la promotion de la consommation  pouvaient nous aider à atténuer les effets négatifs des prix. Quand on transforme, non seulement, on crée des emplois mais on ajoute de la plus-value aux produits. Il y a des pays comme le Brasil, qui sont premiers pays producteurs mondiaux du café, qui n’ont pas de problème sur le marché, parce qu’ils  sont également premiers consommateurs dépassant même les Etats-Unis. Il est prouvé que si vous avez une bonne politique de transformation et de promotion de la consommation, vous allez moins sentir les effets des prix sur le marché. En ce sens, on encourage les pays d’origine à promouvoir la consommation et à transformer. Par ailleurs, il y a beaucoup d’initiatives sur la durabilité qui rentrent en ligne de compte. Il s’agit par exemple de l’Agenda mondial de cacao, signé à Abidjan en 2012 qui comporte un certain nombre d’actions à mettre en œuvre pour assurer la durabilité de la filière. Dans la filière cacao, il y a trois dimensions : social, économique et environnemental. Nous qui sommes les pays producteurs sommes disposés à nous occuper des dimensions environnemental et social et nous savons quoi faire en ce sens. Donc nous mettons l’accent sur la dimension économique, c’est-à-dire comment faire en sorte que le producteur du café-cacao soit mieux payé. Et pour ce faire, il y a un certain nombre d’outils qui sont mis en œuvre  pour y parvenir. L’année prochaine nous allons évaluer les  dix années de mise en  œuvre.

Vision d’Afrique : Quelle place occupent les jeunes et les femmes dans la chaîne de valeurs de production en Afrique ?

SEM ALY TOURE : La problématique des femmes et des jeunes fait partie de l’inclusion de toute la société dans  la chaîne des valeurs. Parmi les problèmes de nos planteurs, que cela soit le café ou le cacao, il y a, non seulement,  le vieillissement du verger,  mais aussi il y a l’âge. A un certain moment, celui qui est dans une plantation de café ou de cacao, n’a plus les même aptitudes qu’il avait au début, d’où l’introduction de la jeunesse. Ce sont des bras vaillants et qui sont un maillon essentiel de la chaine des valeurs. Idem pour les femmes. Nous avons vu des pays, où, lorsque le mari ou l’époux va dans la plantation, la femme fait des transformations artisanales, que soient dans la filière café ou cacao, ou encore leurs sous dérivés. Tout cela, pour dire que s’il y a un revenu émanant d’un homme, il se double avec l’effort de la femme. Bref tout le monde doit être impliqué dans cette chaine de valeur. Tant les hommes, les femmes ainsi que les jeunes.

Un dernier mot

SEM ALY TOURE : Je voudrais dire aux producteurs de café de garder espoir. Il y a de cela dix ans ou vingt ans on ne peut pas parler des organisations internationales, parce que les accords interdisent qu’on parle des prix. Il  y a un prix qu’on paie aux producteurs  et l’amélioration des revenus des producteurs. Donc je pense qu’on avance et il y a une volonté politique qui s’affiche. Pour conclure je crois qu’il faut féliciter le Togo  et rendre hommage à son président qui fait beaucoup pour le café et le cacao africains à travers les colloques, les débats de haut niveau qui nous permet de pousser loin le débat et pour que le café soit au cœur des discussions au sein de l’Union africaine.

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