Comment repenser la Fonction publique en Afrique :‘’Le Togo veut développer une fonction publique de mission avec des compétences engagées et dynamiques’’   Gilbert Bawara

Gabegie, corruption, absentéisme, retard de paiement des salaires et des pensions, emplois fictifs, lourdeur administrative, politisation… Les critiques fusent et les scandales fleurissent lorsqu’on évoque la question de la fonction publique sur le continent africain. Mais comment la réformer ? Quels chantiers entreprendre pour répondre aux exigences d’efficacité des services publics ? Que proposent les fonctionnaires eux-mêmes ?

Le ministre togolais de la Fonction publique, du Travail et du Dialogue social M.Gilbert Bawara  dans l’émission le Débat africain animé par le confrère de RFI Alain Foka a retracé les ambitions du Togo qui veut développer une fonction publique de mission pour une administration publique plus performante avec des compétences engagés et dynamiques contrairement à l’héritage colonial basé sur des carrières avec l’Etat comme principal pourvoyeurs d’emplois.

Gilbert Bawara

A l’entame ,le ministre Bawara a salué les échanges d’expériences des pratiques réussies et voir  la possibilité de regarder ce qui marche sur le continent et voir au-delà du continent, ce qui peut nous aider dans les réformes  et mesures que nous sommes en train de prendre pour assainir et améliorer la fonction publique et l’administration publique.

Répondant à la question des fonctionnaires fictifs dans les administrations publique le ministre Bawara a souligné que ‘’la question des fonctionnaires fictifs et les problèmes qui sont évoqués notamment pour la République démocratique du Congo c’est un problème accessoire voir secondaire par rapport à l’ensemble des défis et des problèmes fondamentaux auxquels nos fonctions publiques et nos  administrations publiques sont confrontées’’ .Il a tenu à souligner que ce n’est pas un problème secondaire parce qu’il s’agit de ressource publique, il s’agit de deniers publics et donc de la contribution des citoyens ; Il faut veiller à un bon usage.

Maintenant quand je vois la nature des problèmes qui sont évoqués pour la République démocratique du Congo, je vous dirais d’emblée que c’est le genre de difficulté qu’il serait difficile d’identifier au Togo.

 Selon lui, pour devenir un fonctionnaire fictif, il faut une série de complexités et de connivence parce que le nombre de pièces et la qualité de pièces exigées d’abord au niveau de la fonction publique et au niveau de la solde logé au ministère chargé des économies et de la finances et de budgets rend pratiquement impossible de faire immatriculer un non fonctionnaire.

En revanche les problèmes fondamentaux que nous avons au Togo en ce domaine-là concernant les décrets qui ne sont pas signalé par ce que les états civiles ne sont pas mis à jour régulièrement et les abandons irréguliers qui malheureusement ne sont pas signalé à l’administration. Fondamentalement au Togo, la question des fonctionnaires suscite d’un problème pas difficile par ce qu’au niveau de la fonction publique nous avons une gestion informatisée des personnels de l’État donc notamment les nominations et les attributions de numéro matricule et nous ne cessons de travailler avec le solde qui est situé au ministère des finances pour nous assurer d’une vraie corrélation.

 En troisième lieu tous les salaires au Togo, que vous soyez un fonctionnaire titulaire ou un fonctionnaire contractuel votre salaire ne peut être payé qu’à travers des virements bancaires. Ce qui fait qu’il est difficile de virer des salaires à quelqu’un qui n’est pas fonctionnaire.  

Nous essayons de juguler et de limiter le phénomène  en travaillant étroitement avec les ministères sectoriels qui bénéficient de plus important contingent de fonctionnaires au secteur de la santé au secteur de l’éducation et nous faisons à ce qu’il y ait des contrôles aléatoires et ad-hoc qui nous permettent avec les responsables des services publics sur le terrain de procéder à des contrôles et de pouvoir identifier éventuellement des personnes qui sont décédées mais qui  continuent d’être payé ou des gens qui sont dans des situations d’abandon de postes. Donc nous le faisons régulièrement. Cela étant, nous ne pouvons pas dire qu’il n’y pas du tout de personnes qui soient décédé et qui continuent par être payé. C’est un problème qu’on ne peut pas limiter.

Le ministre Bawara évoquant les causes de cette situation estime que : D’abord c’est un problème d’héritage historique.

 Les fonctions publiques ont été conçues dans une logique de carrière et de statut. La fonction publique c’est un état pourvoyeur d’emploi et l’état est désincarné, personne ne se sent responsable. L’État c’est comme  l’argent de l’État c’est qu’on est responsable et donc on se fait recruter comme fonctionnaire par ce que ça donne la stabilité et la sécurité de l’emploi.

 Ici au Togo nous cherchons à sortir de cette logique statutaire et de carrière pour développer une fonction publique de mission. Le Togo dispose de priorité et d’objectifs de développement et donc ‘’notre souci et notre orientation c’est d’avoir des capacités humaines et institutionnelles qui sont en adéquation avec nos priorités et nos objectifs de développement. On ne doit pas recruter juste par ce qu’on veut donner de l’emploi aux citoyens. Deuxièmement je voulais dire que concernant les problèmes de recrutement au Togo on est fonctionnaire exclusivement si on a passé un concours de recrutement dans la fonction publique et les concours de recrutement dans la fonction publique sont nationaux .Naturellement on peut les sectorialiser ou les régionaliser en fonction des besoins. Donc il n’est pas possible au Togo de dire quel ministère sectoriel, une institution employeur ou utilisateur de fonctionnaire procède à un recrutement sans que cela ne soit à travers le ministère de la fonction publique .Le ministre de la fonction publique ne peut pas procéder à un recrutement de fonctionnaires sans un dialogue avec le ministre de l’économie et des finances car  ça  nécessite une programmation et une classification de fonds budgétaire.  

En ce qui concerne la gestion axée sur les résultats, le ministre a fait remarquer que le Togo dispose de budget programme  qui permet à la fois de d’articuler les ressources humaines et les recrutements avec les programmes notamment les objectifs et les priorités de développement. J’allais dire qu’il n’y a pas de formule magique. Chaque pays a ses réalités avec un niveau de difficulté et de soucis qui varient. Au Togo le ministère de la fonction publique recrute exclusivement à la demande du ministère sectoriel. Cela n’est possible que si cela est programmé et prévu et si cela est possible. Ce qui fait que ça permet de limiter mais pas nécessairement d’éradiquer l’ensemble des problèmes. La question de performance et du rendement des fonctionnaires et des agents publics je crois que c’est un problème partagé dans tous nos pays et d’une part la conception de la fonction publique uniquement comme pourvoyeur d’emplois sans devoir de réédition de compte sans te demander quels sont les objectifs et les résultats auxquels je dois contribuer. Tous ces élément-là font que des fonctions publiques se sont développées mais il y a aussi des efforts notamment au Togo en vue  d’améliorer la performance, les rendements a la fois en définissant des lettres de mission et en assignant des objectifs et des résultats qui sont attendus des fonctionnaires et des agents publics.

Parlant de la pension des retraités, le ministre Bawara rassure

‘’Je voudrais rassurer en disant qu’au Togo ce n’est pas le genre de difficulté que nous pouvons rencontrer par  ce que les pensions de retraite aussi bien pour les fonctionnaires que pour les travailleurs du secteur privé par ce que nous avons deux régimes différents, une caisse de retraite du Togo pour les fonctionnaires et agents publics et une caisse nationale de la sécurité sociale pour les travailleurs du secteur privé et autres. Non seulement les pensions sont payés régulièrement mais elles ont fait l’objet d’une revalorisation depuis le 16 septembre 2022 dans le contexte de cherté de la vie et des répercussions à la fois de la crise sanitaire et de la situation de conflit en Ukraine.

 Adam Adjronou

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