Gabon: la classe politique à son tour reçue par la junte militaire au pouvoir

Les militaires nouvellement au pouvoir au Gabon multiplient les initiatives. Le chef du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), le général Brice Clotaire Oligui Nguema, a poursuivi ce vendredi ses consultations. Après le patronat, après les leaders religieux, c’était à la classe politique de rencontrer la junte.

Le géneral Brice Clotaire Nguema

Malgré son agenda très chargé, le chef de la transition gabonaise a pris tout son temps pour écouter les responsables des partis politiques qui ont effectué le déplacement. La rencontre a duré quatre heures.

Le général Brice Clotaire Oligui Nguema a été clair. La transition qu’il dirige est un régime d’exception. À ce titre, il a suggéré que le fonctionnement de la vie politique devienne également exceptionnel : plus d’opposition, plus de majorité, durant cette période.

À propos de la durée de la transition, sujet qui focalise l’intérêt de la classe politique, Oligui Nguema a indiqué qu’il ne décidera pas tout seul. Les partis politiques seront consultés. Selon les premiers éléments de langage sortis de cette réunion, il a été évoqué une transition d’un an, voire deux ans.

Cette période permettra d’élaborer les textes et les lois qui régiront la République. La transition s’achèvera par l’organisation des élections libres et crédibles, a insisté le général Oligui Nguema.

Le président de la transition a annoncé qu’il prêtera serment ce lundi sur une charte en cours de rédaction et non sur la constitution dissoute. 


Que pensent les formations politiques de ces consultations ?

Réaction de Clay Martial Obame Akwe, vice-président du Morena, qui se félicite des initiatives lancées par les putschistes.

Ce qui nous a rassurés, c’est qu’il nous a donné la responsabilité de déterminer la durée de la transition. Eux, ils ne sont pas venus pour se perpétuer au pouvoir, ils sont venus pour régler un certain nombre de choses pour que le Gabon restaure sa dignité.

L’opposant Ange Kevin Nzigou est avocat et secrétaire exécutif du Parti pour le changement. Selon lui, en rétablissant la Cour constitutionnelle et en se faisant désigner président de la Transition, le général Oligui Nguema va contre l’esprit du coup d’État.

Gérard Ella Nguéma, candidat à la dernière élection présidentielle a retenu l’engagement du Général Oligui Nguéma d’associer tous les Gabonais dans le bon déroulement de la transition : « Il est resté droit dans ses bottes. Il lui revient soit de respecter son engagement soit, dans les jours à venir, de se déjuger ». 

Anna Claudine Mavioga, présidente du Bloc démocratique chrétien (BDC) approuve la décision des militaires de mettre fin au clivage majorité et opposition durant la transition. « Étant donné que l’ensemble des institutions ont été dissoutes, la notion de majorité et d’opposition tombe sous le coup de cette prescription. Il ne reste plus que les partis politique qui ont été invités à la reconstruction de notre nation », estime-t-elle. 

Représentant du parti Réagir, Yvon Dzime, dit avoir apprécié les bonnes intentions des militaires. « Il a promis d’organiser des élections inclusives après avoir nettoyé tous les textes de la République, la Constitution et la loi électorale. Nous attendons de voir », avance l’homme.

Vendredi, le nouvel homme fort du Gabon a également rencontré les membres de la société civile gabonaise. Georges Mpaga, une des principales figures de la société civile gabonaise était bien présent à la rencontre. Selon lui, plusieurs propositions ont été faites au président du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI). 

Tout d’abord, les membres de la société civile ont « proposé l’adoption d’une charte nationale de la transition qui sera une sorte de constitution provisoire pour encadrer le processus de transition ».

Ensuite, ils ont réclamé qu’un gouvernement de transition « inclusif » soit formé avec « la société civile, des partis politique et les militaires ».

La troisième proposition concerne le conseil national de transition. Selon M. Mpaga, ce doit être « une sorte d’assemblée constituante ou législative dont la mission serait de faire des propositions pour reformer l’ensemble des institutions constitutionnelles qui ont été galvaudées par les 56 années de gouvernance chaotique du PDG ».

Et à la fin, l’idée serait « de faire adopter la réforme constitutionnelle par un référendum pour entériner tout ce processus ».

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