Côte d’Ivoire: vote pour un double scrutin à valeur de test avant la présidentielle

En Côte d’Ivoire, près de 8 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes, ce samedi 2 septembre, pour un double scrutin – les élections municipales et régionales – et ainsi à renouveler les conseils régionaux et municipaux, dans 31 régions et 201 communes. Les trois principales formations politiques présentaient des candidatures, ce qui confère à ce double scrutin une valeur de test avant la présidentielle de 2025.

les électeurs lors du vote de samedi 2 septembre 2023

Les opérations de dépouillement se poursuivaient dans certaines localités, samedi soir en Côte d’Ivoire. Le dépouillement, qui a démarré dès peu après 17 heures, heure locale, dans plusieurs bureaux de vote, a connu du retard à certains endroits, notamment dans la commue du Plateau, où le vote a été décalé dans plusieurs centres parce que le matériel électoral a été acheminé tardivement.

Pour l’heure, la Commission électorale, la CEI, n’a pas encore donné de tendance concernant le taux de participation. Elle espèrait annoncer les résultats d’ici lundi. C’est l’un des enjeux. Aux dernières élections municipales, elle s’était élevée à 35,78%. Un scrutin qui avait suscité de nombreuses tensions et accusations de fraudes. Vendredi soir, le président de la CEI a invité les électeurs à faire preuve de discipline.

À Yopougon, la plus grosse commune du district d’Abidjan, le scrutin s’est passé dans le calme, rapportait plus tôt ce jour notre correspondante à Abidjan, Bineta Diagne, qui s’y est rendue en matinée. Cependant, déjà à ce moment-là, plusieurs centres de vote ont démarré avec du retard. Dans certains centres, le matériel n’était pas sur place, notamment à l’école William Ponty où notre consœur était présente à 7h30.

Globalement, le vote s’est bien passé dans le pays, malgré les retards constatés çà et là. Le président de la CEI, la Commission électorale, a reconnu « quelques soucis logistiques », mais ce sont, précisait-il, « des choses qui sont inhérentes au processus électoral ». Même constat dressé par le Cosel-CI, le consortium des organisations de la société civile, qui a déployé 400 observateurs indépendants, et qui parle d’un scrutin « globalement apaisé », malgré quelques « défis ». Il a relevé 111 incidents, dont douze cas d’intimidation.

L’affluence reste moyenne, les files d’attente sont assez courtes, les électeurs votaient dans le calme et leurs attentes sont nombreuses. Ainsi, le prochain maire de Yopougon doit se préoccuper de l’emploi des jeunes, car il n’y a pas d’emploi et, s’il n’y a pas d’emploi, « les jeunes tombent dans le banditisme », explique à RFI Patrick, un père de famille.

La jeunesse, c’est une préoccupation qui revient régulièrement dans la bouche des électeurs, mais aussi le manque d’infrastructures et le fait d’améliorer les routes, car ici, elles ne sont pas bitumées pour la plupart. Yopougon, c’est la plus grosse commune du district d’Abidjan, c’est une commune importante pour les partis politiques, ce vote va être très suivi car gagner là-bas, c’est une manière de préparer la présidentielle de 2025.

Dans la région de La Mé

Dans la région de La Mé, dans le sud-est de la Côte d’Ivoire, c’est là que s’affrontaient, dans le cadre de ces régionales, le Premier ministre Patrick Achi et l’ancien ministre de Laurent Gbagbo Emmanuel Monnet. Là aussi, ce jour de vote a débuté dans le calme, comme l’a rapporté sur nos antennes notre envoyé spécial à Adzopé, François Hume Ferkatadji, qui a visité, dans la matinée, trois centres de vote.

On observe une affluence moyenne, voire importante, avec des files d’attente devant chaque bureau, disait-il, une majorité de personnes âgées qui ont revêtu leurs plus beaux pagnes pour l’occasion, mais aussi des jeunes. On note parfois un agacement des électeurs face à la lenteur du processus, certains étant arrivés au bureau de vote à 8 heures et n’ayant toujours pas pu voter à 11 heures, une attente particulièrement longue pour les femmes portant leur bébé dans le dos.

Le système de vote est numérisé, les électeurs présentent leur carte d’identité, puis marquent l’empreinte digitale de leur majeur sur une tablette électronique – tablette qui par moments ne fonctionne pas – afin de voter pour les municipales, puis pour les régionales. Il y a donc deux urnes dans chaque bureau. Certains candidats avaient d’ailleurs exprimé leurs craintes que certains électeurs puissent se tromper d’urne en glissant leur bulletin, mais ici, les assesseurs sont présents et vigilants.

Tous les électeurs que nous avons rencontrés espèrent d’ailleurs connaitre des élections apaisées, justes et transparentes. « Cette fois, j’y crois », affirme Marie-Élodie Cassis qui vote pour la troisième fois de sa vie au lycée moderne 2 d’Adzopé. « Si ces élections sont émaillées de fraudes, ce sera une grande déception », explique aussi Jean-Abel Bréouant, un électeur de 28 ans. « On pense à des jours meilleurs, ce qui est arrivé dans le passé, on ne va pas revenir dessus », précise-t-il.

Le vote devait officiellement se terminer vers 17 heures, heure locale.

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