Enseignement bilingue au Togo ; Un symposium planche sur les indicateurs

Un symposium sur l’enseignement bilingue au Togo s’est ouvert le jeudi 21 juillet 2022 à Lomé. Ayant pour cadre l’hôtel 2 février de Lomé, il était question de plancher le bilan et les perspectives de cette problématique. Il est organisé par le ministère des Enseignements Primaire, secondaire, Technique et de l’Artisanat, en collaboration avec l’Institut de la Francophonie pour l’Education et la Formation (IFEF) et le Bureau International de l’Education (BIE-UNESCO).
Depuis les années 1975 l’enseignement des langues nationales a été la préoccupation des autorités togolaises avec des approches de conceptualisation diverse et variées. . Deux langues nationales ont été choisies : l’éwé au Sud et le Kabiyè au Nord. Chemin faisant ces choix n’ont pas connu le succès escompté pour des raisons évidentes. Il se révèle que plus de 90% des apprenants ne sont pas capables de lire et encore moins écrire leurs langues maternelles.

C’est pour inverser cette tendance qu’un symposium sur l’enseignement bilingue au Togo : bilan et perspectives se tient du 21 au 23 juillet 2022, à Lomé. Il regroupe les principaux acteurs du système éducatif qui vont mener une réflexion scientifique profonde et capitale quant à la place réservée à l’utilisation de nos langues nationales, non seulement comme médiums d’enseignement, mais aussi disciplines, au même titre que les autres.
Pour se faire, au cours de cette rencontre, les participants vont réfléchir sur comment réformer le système éducatif pour prendre en compte les langues nationales dans l’enseignement, comment aller vers une extension-généralisation réussie.
Egalement, des communications, notamment « L’importance des langues maternelles dans la scolarisation des enfants », « Présentation du programme ELAN », « Présentation de l’expérience de l’enseignement bilingue en Afrique : cas du Burkina-Faso », « Le processus de financement des programmes et projets » seront présentées.
En ouvrant les travaux, le représentant du ministre des Enseignements Primaire, Secondaire, Technique et de l’Artisanat, M. Barakpété Ahiya, a indiqué que ce symposium s’inscrit bien évidemment dans la vision du Chef de l’Etat, Faure Essozimna Gnassingbé qui dans la feuille de route gouvernementale 2020-2025, ambitionne de transformer l’éducation, afin de la rendre accessible à tout enfant togolais, quelles que soient sa religion, sa culture ou sa provenance.
Selon lui, son département travaille à travers le Plan Sectoriel de l’Education (PSE), à relever les défis de l’éducation, pour atteindre les objectifs du développement durable de l’ODD4 pour une éducation inclusive et de qualité pour toutes et pour tous.
« Convaincu que la roue du développement d’une nation passe par la formation des citoyens compétents et qualifiés, et résolument engagés dans un processus de changement de paradigme dans un environnement scolaire marqué par une déliquescence avérée des valeurs caractéristiques de notre chère patrie, je pense que le recours à nos langues nationales comme médiums d’enseignement revêt une importance capitale, au moment où notre pays vient d’adhérer dans le Commonwealth. Comme le soutenait l’UNESCO depuis les années 50, « le meilleur véhicule de l’enseignement est la langue maternelle de l’élève », je pense que nous avons une occasion de trouver une solution pérenne aux difficultés d’apprentissage que connaissent nos apprenants », a-t-il déclaré.
La directrice de l’IFEF, Mme Mona Laroussi, a fait savoir que plusieurs pays ont relevé le pari audacieux de mettre en place un enseignement bi-plurilingue : un enseignement où la ou les langues nationales parlées par les élèves sont utilisées comme médium d’enseignement, aux côtés du français, afin de faciliter l’acquisition des compétences fondamentales que sont lire, écrire et compter. Le Togo, a-t-elle poursuivi, fait partie de ces pays que l’Institut de la francophonie pour l’Education et la Formation (IFEF) accompagne depuis 2012 à travers le programme ELAN (Ecole et Langues Nationales en Afrique).
« Alors que les évaluations des acquis scolaires des élèves faites au cours de la dernière décennie font état de niveaux insuffisants en lecture-écriture et en calcul dans la plupart des pays concernés, l’évaluation des expérimentations d’enseignement bi-plurilingue accompagnées par l’IFEF a elle démontré l’efficacité de cette approche pour améliorer le niveau des élèves dans ces domaines. (…) l’heure n’est plus à la discussion sur le bien-fondé et les bienfaits de l’enseignement bilingue, surtout après les deux jours intenses que nous venons de passer à discuter des performances constatées chez les élèves des classes bilingues expérimentales. Les études et évaluations ont été nombreuses sur ces questions et font désormais consensus. Nous venons d’en conclure une nouvelle qui va dans le même sens. Les phases expérimentales tirent à leur fin. La question que l’on doit donc se poser aujourd’hui est celle du comment : comment réformer le système éducatif pour prendre en compte les langues nationales dans l’enseignement ? Comment aller vers une extension-généralisation réussie ? il en va de l’avenir de nos enfants », a-t-elle souligné.