Enlèvement d’un Béninois sur le sol togolais : Lomé réagit à un camouflet à lui infligé
L’enlèvement de Steven Amoussou, connu sous le nom de Frère Hounvi, a suscité une réaction vigoureuse de la part des autorités togolaises, et pour cause : la violation flagrante des dispositions légales régissant l’extradition d’un demandeur d’asile ou d’un réfugié résidant dans un pays étranger. Cet acte, considéré comme un affront inacceptable de Cotonou à l’égard de Lomé, ne pouvait laisser les autorités togolaises indifférentes. Il s’agit d’une action hautement hostile, d’autant plus préoccupante dans un contexte où la question sécuritaire est d’une importance cruciale dans la région du Golfe de Guinée. C’est un camouflet pour Lomé, dont la population, avec un sentiment d’amertume et en toute discrétion, s’interroge. Cet enlèvement, perpétré sous le nez des forces de l’ordre, suivi d’une traversée des frontières jusqu’à Cotonou, vient exacerber les inquiétudes des Togolais quant à la sécurité, particulièrement dans la région septentrionale.
Pour manifester son mécontentement, Lomé a entrepris de retracer le parcours et de cibler les différentes ramifications qui ont conduit à cet enlèvement. Cependant, une question demeure persistante : dans quel but?

Le procureur de la République du Togo est sorti de son silence, le dimanche 25 août, pour clarifier les circonstances entourant cette affaire et évoquer les personnes qui auraient participé à l’enlèvement de l’activiste béninois Steven Amoussou à Lomé. Les enquêtes menées par le parquet ont révélé les noms de quatre individus identifiés, ainsi que leurs complices, dont deux sont actuellement détenus par la police.
Cette affaire est prise très au sérieux de part et d’autre de la frontière entre le Togo et le Bénin. À l’issue de l’enquête, un communiqué du procureur a été lu dimanche sur la télévision nationale togolaise. Une esthéticienne de nationalité béninoise, résidant à Lomé, a été identifiée comme la personne-ressource ayant aidé les ravisseurs à localiser les appartements de l’activiste. Selon le parquet, elle aurait également servi d’appât pour attirer Steven Amoussou dans un piège.
Cette ressortissante béninoise a été placée sous mandat de dépôt et inculpée pour complicité d’enlèvement, tout comme un conducteur de taxi-moto de nationalité togolaise, qui aurait assisté les présumés ravisseurs dans leurs déplacements à Lomé. Les noms de trois des quatre suspects impliqués dans le rapt ont été cités dans le communiqué du procureur. Ces hommes, tous béninois et membres du même club de gymnastique, sont activement recherchés pour enlèvement d’un citoyen béninois résidant au Togo. Dimanche soir, les autorités béninoises n’avaient pas encore réagi.
Adam Adjronou