Biodiversité et Justice Environnementale : Le Togo Défend la Reconnaissance des Afrodescendants et la Création du Fonds Cali
Lors de la 16e Conférence des Parties (COP16) de la Convention sur la Diversité Biologique, un débat central a mis en lumière les contributions essentielles des afrodescendants à la conservation de la biodiversité. Malgré les réserves exprimées par le groupe Afrique, des nations comme la Colombie et le Brésil, où vivent de nombreuses communautés afrodescendantes, ont défendu la reconnaissance officielle de ce rôle. Elles ont souligné l’importance des savoirs traditionnels et des pratiques ancestrales de ces communautés pour la préservation des écosystèmes.
En dépit des divergences de vues au sein du continent africain, le Togo a apporté un soutien significatif à cette reconnaissance. Pour le Togo, cet engagement représente un pas important vers l’inclusion des afrodescendants dans les efforts mondiaux de conservation. Certains considèrent cependant que les afrodescendants sont déjà couverts par les termes de « peuples autochtones et communautés locales », rendant cette reconnaissance redondante.
Un autre point clé de la COP16 a été l’opérationnalisation du mécanisme multilatéral de partage des avantages liés à l’Information de Séquençage Numérique (ISN). Les avancées en biotechnologie permettent aujourd’hui d’exploiter les ressources génétiques sous forme numérique, posant des défis en termes de partage équitable des bénéfices.

Pour répondre à cette problématique, les 196 nations présentes ont entériné la création du « Fonds Cali », une initiative historique visant à redistribuer les bénéfices issus de l’utilisation de l’ISN par des entreprises, notamment dans les secteurs pharmaceutique, cosmétique et agroalimentaire. Ces entreprises contribueront volontairement à hauteur de 1 % de leurs bénéfices ou de 0,1 % de leurs revenus, permettant aux pays en développement, tels que le Togo, de tirer parti des retombées économiques de leurs ressources naturelles.
Vers une Gouvernance Inclusive des Ressources Naturelles
Bien que prometteur, le Fonds Cali soulève des interrogations quant à sa gouvernance. Les fonds, sous l’égide de l’ONU, seront redistribués aux pays en développement et aux communautés locales et autochtones. Cependant, plusieurs aspects nécessitent encore des précisions d’ici la COP17 en Arménie en 2026, notamment les modalités de contribution des entreprises, leur intégration avec les systèmes nationaux d’accès et de partage des avantages (APA), et les incitations pour les utilisateurs de l’ISN. Ces questions touchent à la justice sociale et à la gouvernance environnementale, impactant directement les perspectives de développement durable.
Pour le Togo et d’autres pays africains, la COP16 a permis des avancées significatives, mais un sentiment d’inachevé demeure. L’absence d’un fonds spécifiquement dédié à la conservation de la biodiversité reste une source de frustration, surtout face aux ambitions de mobilisation de 200 milliards de dollars par an d’ici 2030, comme le stipule la cible 19 de l’Accord Kunming-Montréal.
La voie vers une justice environnementale concrète pour les pays du Sud reste semée d’obstacles, mais des initiatives comme le Fonds Cali ouvrent des perspectives porteuses d’espoir pour les générations futures.
Ilyame OURO-LOWAN