Mahamoud Ali Youssouf prend la tête de la Commission de l’Union africaine

Après un scrutin marqué par une compétition serrée, le diplomate djiboutien Mahamoud Ali Youssouf a été élu, le 15 février, président de la Commission de l’Union africaine (UA). Avec 33 voix sur 49 pays votants, il succède au Tchadien Moussa Faki et dirigera l’institution panafricaine pour les quatre prochaines années.

Ministre des Affaires étrangères de Djibouti depuis deux décennies, Mahamoud Ali Youssouf s’est imposé après sept tours de vote face à Raila Odinga, ancien Premier ministre kényan, et Richard James Randriamandrato, ancien chef de la diplomatie malgache. L’élection s’est déroulée dans l’hémicycle de l’UA à Addis-Abeba, en l’absence des représentants des États sous régime militaire, tels que le Mali, le Niger, le Burkina Faso et le Gabon.

Un fin connaisseur de l’Union africaine

Francophone, anglophone et arabophone, Mahamoud Ali Youssouf dispose d’une expérience diplomatique solide et d’une parfaite maîtrise des rouages de l’UA. Son aptitude à s’exprimer aisément dans les trois principales langues de l’organisation a été remarquée lors de la présentation des candidats en décembre 2024.

« Il connaît l’institution par cœur », souligne Liesl Louw-Vaudran, spécialiste de l’UA au sein de l’International Crisis Group (ICG). Ce profil technocratique, partagé par plusieurs de ses prédécesseurs, rassure les chefs d’État qui préfèrent éviter des personnalités trop indépendantes à la tête de la Commission. Selon Paul-Simon Handy, chercheur à l’Institut d’études de sécurité (ISS), « il était perçu comme le candidat le plus compétent, mais la question reste de savoir s’il saura imposer sa vision politique ».

Une élection sous haute tension

La bataille pour la présidence de la Commission de l’UA a mis en lumière les dynamiques géopolitiques du continent. Si Raila Odinga bénéficiait d’un large réseau et de soutiens prestigieux comme Graça Machel et Olusegun Obasanjo, sa candidature a suscité des interrogations, notamment en raison de son âge avancé et de son parcours politique clivant. En revanche, Mahamoud Ali Youssouf a misé sur la discrétion, se contentant de citer sa mère et son épouse comme références.

Le mode de scrutin, basé sur une rotation régionale, a également complexifié les prédictions. L’Afrique australe s’est unie derrière le candidat malgache, tandis que les votes des autres régions se sont redistribués au fil des tours. Finalement, le candidat djiboutien a su tirer son épingle du jeu pour décrocher la présidence de la Commission.

Une vice-présidence algérienne

Dans ce jeu d’influence, l’élection à la vice-présidence de l’UA a aussi été scrutée de près. L’Algérienne Selma Malika Haddadi a pris le dessus sur la Marocaine Latifa Akharbach, marquant ainsi un succès diplomatique pour Alger.

Avec cette nouvelle direction, l’Union africaine amorce un cycle crucial pour son influence et son unité. Reste à savoir si Mahamoud Ali Youssouf saura affirmer son leadership au sein de l’institution panafricaine.

Adam A.

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