Aguiakomé noyé sous un lac acide : une catastrophe environnementale en plein cœur de Lomé
Après l’incendie d’un entrepôt de produits chimiques, c’est une rivière toxique qui s’invite dans les rues et les maisons, soulevant de profondes inquiétudes environnementales.
Un incendie a éclaté dans la nuit du 14 avril dans un entrepôt de stockage de produits chimiques situé à proximité du Grand Marché. Les sapeurs-pompiers et les volontaires de la Croix Rouge Togolaise, mobilisés en urgence, ont dû utiliser une grande quantité d’eau pour maîtriser le brasier. Mais l’eau, mélangée aux produits toxiques, n’a pas disparu… Elle s’est accumulée, formant un véritable lac acide dans les rues d’Aguiakomé.

« Ce n’est pas de l’eau de pluie stagnée, c’est de l’eau d’acide. On ne peut plus rentrer chez nous », témoigne un habitant.
Pollution multiple : l’air, le sol et l’eau touchés
Les premières observations sur le terrain sont alarmantes. L’odeur âcre et irritante de produits chimiques continue de flotter dans l’air. Les habitants rapportent des maux de tête, des irritations de la peau et des yeux. La pollution de l’air est manifeste.

Au sol, les coulées d’eau contaminée ont traversé des ruelles entières. Les sols, fortement poreux dans cette zone, pourraient devenir de véritables éponges à produits toxiques.
Contamination probable de la nappe phréatique
Dans ce quartier densément peuplé, les puits d’eau sont peu profonds, entre 3 et 4 mètres. Cela rend la nappe particulièrement vulnérable à une infiltration rapide des polluants. La recharge naturelle de la nappe pourrait désormais entraîner la diffusion des substances chimiques dans d’autres zones du sous-sol, touchant des quartiers voisins, voire des zones agricoles. Les eaux stagnantes contaminées, si elles ne sont pas rapidement pompées et traitées, pourraient s’infiltrer progressivement dans l’ensemble du bassin versant de Lomé, mettant en péril les ressources en eau douce.

Il est urgent de mettre en place un plan d’urgence environnemental, incluant :
- Des tests de qualité de l’air, de l’eau de puits et des sols ;
- Un pompage et un traitement rapide des eaux contaminées à la place du remblayage qui est déclenché ;
- La surveillance hydro chimique à long terme de la nappe phréatique.
Vers une catastrophe silencieuse ?
Si les flammes ont été éteintes, la pollution qui en découle pourrait durer des années. Ce drame soulève aussi des questions fondamentales : pourquoi de telles substances étaient-elles stockées près d’un marché si important ? Où sont les plans de gestion des risques industriels en milieu urbain ?

L’incendie d’Aguiakomé est un signal d’alarme. Il rappelle que la sécurité environnementale doit devenir une priorité à Lomé, non seulement pour la protection des biens, mais surtout pour celle des ressources vitales comme l’eau.
OURO-LOWAN Ilyame