e-ID Togo : un levier stratégique pour l’inclusion et la gouvernance, une mobilisation citoyenne encore attendue
Dans un monde de plus en plus numérisé, l’identité légale constitue la clé d’accès à une citoyenneté pleine et active. C’est cette réalité que le Togo a choisi d’embrasser à travers le projet « e-ID Togo », une initiative d’identification nationale biométrique inscrite dans la droite ligne de la vision de Son Excellence Monsieur Faure Essozimna Gnassingbé, Président de la République, à travers le Plan National de Développement (PND 2018-2022). En effet, l’axe III de ce plan place l’inclusion au cœur des priorités, en misant notamment sur la modernisation de l’administration publique.
L’identité : un droit fondamental et un outil de développement
Déterminer l’identité d’une personne, c’est bien plus qu’une simple formalité administrative. C’est un acte fondateur de citoyenneté. Il permet à l’individu d’accéder à ses droits, d’interagir avec l’État et de participer à la vie sociale et économique. C’est dans ce cadre que le projet e-ID Togo se déploie, avec l’ambition de doter chaque résident — qu’il soit citoyen ou étranger vivant sur le territoire — d’un Numéro d’Identification Unique (NIU), fondé sur des données biométriques et démographiques.

Inspiré du système indien Aadhaar, ce dispositif veut instaurer une base de données nationale, sécurisée et fiable, servant de socle à l’identification dans tous les secteurs : santé, finance, éducation, sécurité sociale, etc. Ce projet est soutenu par la Banque mondiale, dans le cadre du programme régional WURI (Identification unique pour l’intégration régionale et l’inclusion), qui vise à renforcer l’inclusion des populations, indépendamment de leur nationalité ou de leur statut juridique.
Une procédure simplifiée, des bénéfices multiples
Le processus a été pensé pour être à la fois inclusif et fluide. Il débute par un pré-enregistrement en ligne : chaque citoyen ou résident ayant une preuve d’identité peut introduire ses données sur la plateforme dédiée, y téléverser un document justificatif, et recevoir un récépissé avec un code. Ce code lui permet ensuite de se rendre dans un centre d’enregistrement proche pour la collecte de ses données biométriques, en minimisant les temps d’attente.
L’enjeu est de taille : augmenter le taux de couverture en identités légales fiables, une condition sine qua non pour garantir l’équité dans l’accès aux services. Grâce à une identité vérifiable, les institutions financières, par exemple, pourront accorder plus facilement des crédits à des taux raisonnables, en réduisant les risques liés à l’absence d’historique client ou à l’usurpation d’identité.
Sur le plan de la gouvernance, cette base de données permettra à l’État de mieux cibler ses politiques sociales, de lutter efficacement contre la fraude et de garantir que les aides parviennent bien aux bénéficiaires légitimes. La mise en œuvre de la couverture maladie universelle, une autre priorité présidentielle, dépend aussi fortement de l’existence d’un registre fiable des assurés.
Un appel à l’engagement de tous
À ce jour, seuls ceux qui disposent d’un accès à Internet et d’une pièce d’identité valide peuvent initier leur enregistrement. Cela souligne le besoin d’une mobilisation accrue, tant des citoyens que des autorités locales, pour faciliter la sensibilisation, la logistique d’accès, et l’accompagnement des couches les plus vulnérables de la population.
Il s’agit maintenant, pour chaque Togolaise et chaque Togolais, de comprendre que cette démarche va bien au-delà d’une formalité : elle constitue un devoir citoyen et une opportunité collective. Ne pas s’enregistrer, c’est se priver de droits fondamentaux et risquer d’être exclu des futures politiques sociales ou économiques.
Conclusion : une responsabilité partagée
Le projet e-ID Togo incarne une nouvelle ère de gouvernance numérique et inclusive. Il repose toutefois sur une condition incontournable : l’adhésion massive de la population. Si l’État a pris ses responsabilités en mettant en place les outils techniques et juridiques, il revient à chaque individu de s’approprier cette réforme.
L’heure est donc à la mobilisation : à ceux qui ne se sont pas encore prêtés à l’exercice, l’invitation est lancée. Se faire identifier, c’est s’assurer d’exister pleinement aux yeux de la République.
Ing Ilyame OURO-LOWAN