BTP au Togo : les entreprises nationales misent sur l’union pour faire face à la concurrence étrangère

Les responsables d’entreprises membres du Groupement national des entrepreneurs des bâtiments et travaux publics du Togo (GNEBTP-Togo) se sont retrouvés le lundi 15 décembre 2025 à Lomé pour réfléchir aux stratégies susceptibles de redynamiser un secteur confronté à une concurrence accrue des entreprises étrangères.

Placée sous le thème « S’unir pour réussir : groupement et sous-traitance, leviers de croissance dans le secteur du BTP », la rencontre a réuni plusieurs partenaires techniques et financiers, dont la Banque islamique de développement (BID) et la banque allemande KfW. Les échanges ont permis de mettre en lumière les principales difficultés structurelles auxquelles font face les entreprises togolaises du BTP.

Parmi les contraintes majeures évoquées figure le critère du chiffre d’affaires exigé dans le cadre des marchés publics. Les entreprises candidates doivent en effet justifier d’un chiffre d’affaires équivalent à au moins 25 % du montant du marché sollicité. Une exigence jugée pénalisante par les entrepreneurs nationaux, qui peinent ainsi à accéder aux marchés de grande envergure.

Les participants ont également déploré l’absence de dispositions obligeant à réserver une part des marchés publics aux entreprises locales ou aux groupements nationaux. Cette situation favorise généralement les multinationales, capables de répondre seules aux appels d’offres, souvent au détriment des acteurs togolais.

Autre faiblesse pointée du doigt : le manque de solidarité entre les entreprises nationales du BTP. Fonctionnant le plus souvent de manière isolée, celles-ci limitent leurs capacités techniques et financières, perdant ainsi de nombreuses opportunités. « L’individualisme est un frein à notre compétitivité face aux géants étrangers. Se regrouper permet de mutualiser les risques, de renforcer nos compétences et de partager les savoir-faire », a souligné Yawo Tsogbé, président du GNEBTP-Togo.

Face à ces défis, les entreprises togolaises du BTP entendent désormais privilégier les stratégies de groupement et de sous-traitance afin de renforcer leur compétitivité et d’accroître leur part dans les marchés publics. Une dynamique saluée par le ministre délégué chargé des Travaux publics, Sani Yaya, qui y voit un levier essentiel pour « moderniser et structurer durablement le secteur du BTP au Togo ».

À travers cette initiative, les acteurs du BTP ambitionnent de jouer un rôle plus important dans la mise en œuvre de la politique nationale des infrastructures et, par extension, dans le développement économique du pays. Dans cette optique, le GNEBTP-Togo a signé en septembre dernier un accord de partenariat avec la Fédération nationale du BTP du Maroc (FNBTP). Ce partenariat vise à renforcer les échanges à travers l’organisation de forums, de missions économiques, de visites techniques et de rencontres professionnelles, afin de favoriser les collaborations et de créer de nouvelles opportunités d’affaires pour les entreprises togolaises et marocaines.

DODJI KETOHOU