Cybersécurité : l’ANCY mise sur les médias pour bâtir une culture numérique responsable au Togo

L’Agence nationale de la cybersécurité (ANCY) a placé les médias au cœur de sa stratégie de sensibilisation et de diffusion de l’information fiable en matière de cybersécurité. C’est dans cette optique qu’une session de formation, de sensibilisation et d’information a été organisée ce mardi 16 décembre 2025 à l’intention des professionnels des médias.

Cette initiative traduit la volonté de l’ANCY de renforcer la lutte contre la cybercriminalité et de promouvoir une véritable culture de la cybersécurité au Togo, et plus largement en Afrique. Les médias sont ainsi appelés à jouer un rôle stratégique dans l’éducation des populations et la vulgarisation des bonnes pratiques numériques.

À cette occasion, les responsables de l’ANCY ont présenté le bilan des actions menées en 2025, les principaux projets structurants réalisés, ainsi que les perspectives envisagées pour l’année 2026.

Selon le directeur général de l’ANCY, le Commandant Gbota Gwaliba, l’objectif de cette rencontre est de doter les professionnels des médias des compétences nécessaires pour sécuriser leurs outils de travail. « Les ordinateurs, serveurs, canaux de diffusion et comptes sur les réseaux sociaux constituent aujourd’hui des actifs informationnels essentiels. Lorsqu’ils ne sont pas protégés, ils deviennent des cibles faciles pour les cyberattaques, avec des risques importants de pertes de données, notamment des archives sensibles accumulées sur plusieurs années », a-t-il expliqué.

Sur le plan des réalisations, le directeur général a indiqué qu’en 2025, l’ANCY a amorcé la mise en œuvre de la stratégie nationale de cybersécurité, en particulier son premier axe axé sur la promotion de la culture de la cybersécurité et le développement des compétences nationales. Dans ce cadre, 250 informaticiens de l’administration publique suivent actuellement des formations certifiantes de haut niveau, représentant un investissement de plusieurs centaines de millions de francs CFA, afin de renforcer durablement la protection des ressources informationnelles de l’État.

Parallèlement, l’ANCY renforce la coopération régionale à travers la signature d’accords de partenariat entre agences africaines de cybersécurité et le déploiement d’outils techniques tels que le CERT (Computer Emergency Response Team). Cette collaboration est jugée essentielle pour lutter efficacement contre un phénomène transnational comme la cybercriminalité.

Le Commandant Gbota Gwaliba a également mis en garde contre la recrudescence des attaques par rançongiciels et des tentatives d’extorsion visant aussi bien les entreprises que les institutions publiques, avec des exigences financières souvent très élevées. Il a invité les citoyens à signaler toute attaque ou activité suspecte au CERT, accessible 24 heures sur 24.

Autre sujet de préoccupation majeur : les cyberviolences, dont les femmes sont particulièrement victimes. Le directeur général a évoqué des cas de diffusion non consentie d’images intimes, entraînant de lourdes conséquences psychologiques, pouvant aller jusqu’à des tentatives de suicide.

Face à l’évolution constante des menaces, l’ANCY appelle à une vigilance accrue, soulignant que l’essor de l’intelligence artificielle facilite l’émergence de nouvelles formes d’attaques, notamment les deepfakes. « Il est désormais possible de fabriquer une fausse vidéo donnant l’impression qu’un responsable demande une transaction financière urgente. Des comptables ont déjà été piégés par ce type d’escroquerie », a-t-il alerté.

Dans ce contexte, l’ANCY exhorte citoyens et professionnels à devenir de véritables cyberacteurs responsables, capables de vérifier l’information, de signaler les incidents et de se former en continu. Pour 2026, l’agence prévoit ainsi des formations approfondies et spécialisées à l’intention des médias, afin de renforcer durablement leurs capacités et d’en faire des relais crédibles et efficaces de la cybersécurité au Togo.

DJAMA BONITO