Mécanisme endogène pour la résolution des crises en Afrique ; un réseau panafricain des autorités coutumières en gestation
L’imprévisibilité des crises en Afrique, la complexité de leurs résolutions, l’inefficacité des mécanismes d’alerte précoces, l’inneficacité des services de renseignement pour alerter sur la survenance des crises, autant de questions qui montrent les limites des mécanismes conventionnels de résolution des crises. Cette approche convoque l’implémentation de nouvelles formes de mécanisme ou à repenser les mécanismes existants .Une étude du Centre d’étude Linguistiques et Historiques par la tradition Orale (CELHTO-UA) renseigne sur l’efficacité des mécanismes endogènes de résolution des crises sur le continent africain. C’est à juste titre qu’un atelier réuni à Lomé les autorités traditionnelles des différents pays de l’espace CEDEAO les 12 et 13 septembre 2023 en vue de baliser la voie à la mise en place d’un réseau panafricain des autorités coutumières sur la prévention, la gestion et la résolution des conflits en Afrique .Cet atelier tenu sous le regard du coordinateur de CELHTO-UA M. N’kegbé Foga Komi Tublu a réuni les autorités coutumières, des enseignants chercheurs et certains acteurs de la société civiles.

A l’entame, le coordinateur du CELHTO a dit son admiration pour la mobilisation des autorités traditionnelles des différents pays et l’intérêt qu’attache ces derniers sur la recherche de la paix sur le continent .Selon lui, l’intérêt de la mise en place de ce réseau est assorti d’un constat : « les méthodes traditionnelles de gestion des crises ne font plus recette et n’ont pas pris en compte les valeurs africaines ». Ce constat est confirmé par des enquêtes qui ont révélées l’existence des mécanismes endogènes de préventions et de résolutions des crises dont les chefs traditionnels sont un maillon essentiel. Il s’avère indispensable d’implémenter cette approches qui a montré jadis son efficacité dans la résolution des conflits et de mettre en synergie pour des actions inclusives .D’où l’idée de leur mise en réseau, véritable outil potentiel de résolution et de prévention des crises sur le continent.

L’étude commanditée par le CELHTO en 2019 a fait l’objet d’une présentation par le Prof Joseph Koffi Tsigbé, professeur titulaire en histoire contemporaine des universités publiques du Togo .Il a relevé dans sa présentation l’importance des mécanismes endogènes par des recherches fouinées dans les 15 pays de la CEDEAO et de la Mauritanie.
Il a dans sa présentation mis en exergue le fait que les autorités traditionnelles dans l’exercice de leur tâche sont confrontées à une très haute politisation de la chefferie traditionnelle. Ils sont également décrédibilisés par une jeunesse galopante qui n’a pas toujours connaissance du rôle que jouent ses chefs traditionnels dans la pacification de nos communautés.

Il s’est révélé qu’au-delà de ses difficultés, ces autorités traditionnelles arrivent vaille que vaille à maintenir la paix en puisant dans le patrimoine culturel de nos communautés .Il a signifié qu’a l’époque coloniale les mécanismes endogènes de prévention et de gestion des crises ont fait leur preuve .Parmi ses mécanismes il a fait référence à des cousinages à plaisanterie ; l’arbre à palabre, des méthodes de conciliations etc. Comment est-ce qu’ils se présentent, comment fonctionnent- ils, quels est la symbolique autour de ses mécanismes ? Autant de questions mis à découvert dont ils a dans une approche scientifique éclairée la religion des uns et des autres.
Pour rappel ;le Centre d’études linguistiques et historiques par tradition orale (CELHTO) est une organisation intergouvernementale. Il est rattaché à l’Union africaine et voué à réunir et à étudier les traditions orales des différents pays et ethnies d’Afrique afin d’alimenter les recherches en linguistique et en histoire sur cette partie du monde. Il a également pour vocation de contribuer au processus d’auto-développement du continent africain.
Cécile Dolemé