Togo: la production du coton se relance
Ils sont une cinquantaine de journalistes venus de toutes les régions du Togo pour aller au contact du coton, l’or blanc ce mercredi, dans la région des plateaux notamment à notsé et à Atakpamé pour une descente de terrain.
Initié par la Fédération Nationale des Groupements des Producteurs de Coton (FNGPC COOP-CA), en collaboration avec l’Agence AGRI MEDIA, cette sortie des journalistes dénommée « La Presse au Contact du Coton » vise à permettre aux professionnels des médias de mieux appréhender la réalité de cette filière et de toucher du doigt les réalités, notamment en ce qui concerne sa campagne 2023-2024. C’est aussi l’occasion à ceux-ci de toucher du doigt les efforts fournis ces dernières années par le réseau des producteurs de coton et les cotonculteurs du pays pour la relance de la filière et les problèmes qu’ils rencontrent.
A Notsé, la première étape a conduit les journalistes à visiter quelques parcelles de champs à Agoto et à Kpakpadjè dans la commune Haha 1. Ils ont sillonné les parcelles de champs du président de FNGPC COOP-CA, Koussouwè Kouroufei. L’occasion a permis à ceux-ci de toucher du doigt les réalités de la production, les conditions de production et les problèmes rencontrés dans la production du coton dans la région.

« La récolte se fera entre le 15 ou fin novembre. On a commencé les premiers traitements et il faut au moins six traitements. La campagne s’annonce bien, parce que nous avons une bonne pluviométrie. En plus, nous avons trouvé un produit efficace pour faire face aux jassides, qui nous ont créés beaucoup d’ennuis l’année dernière. Pour les deux dernières campagnes, la production a chuté. Raison pour laquelle nous avons lancé la mobilisation pour cette campagne (2023-2024). L’Etat nous a aidés avec des appuis multiformes en subventionnant les produits », a souligné M. Kouroufei.
Pour la campagne 2023-2024, le réseau des cotonculteurs a bénéficié d’un financement de 6 milliards de F.CFA du gouvernement, qui fait du secteur cotonnier, une priorité.
« Grâce à la FNGPC COOP-CA, j’ai beaucoup appris et j’ai noué assez de relations. J’emblave une superficie de 3 hectares et je fais une tonne de coton par hectare. J’invite les hommes à permettre à leurs femmes de se lancer dans la culture du coton », s’est félicité Mme Namana, Secrétaire générale de la fédération des producteurs de coton/Région des Savanes.

Pour cette campagne, la superficie emblavée au plan national est de 100.000 hectares, pour une prévision de production de 96.500 tonnes de coton graine. Pour la précédente campagne, la production était estimée à 46.000 tonnes de coton graine pour 67.000 hectares de superficie emblavée. Les jassides ravageurs piqueur-suceurs du cotonnier, bien connus des cotonculteurs ont ravagé des champs de coton, occasionnent des dégâts sévères aux cotonculteurs.
Avec des semences de qualité sur des centaines d’hectares emblavés, il y a de quoi à réjouir les producteurs pour cette campagne qui s’annonce bonne pour les producteurs. Ceci résulte du bon traitement et les soins apportés aux cultures qui sont également conformes aux normes recommandées.
Pour cette campagne, le prix d’achat du coton au niveau de la Nouvelle société cotonnière du Togo (NSCT), est passé de 200 F à 300 F par kilogramme. Ce qui a permis aux producteurs d’emblaver plusieurs espaces cultivables.
Le coton promet de belles perspectives cette année grâce à plusieurs facteurs favorables. Tout d’abord, nous avons bénéficié d’une bonne pluviométrie, ce qui a été essentiel pour le développement des cultures. De plus, la maîtrise des insectes dévastateurs, singulièrement les ‘’Jassides’’, a été grandement améliorée grâce à la disponibilité des produits de traitement, à relevé le président de FNGPC COOP-CA.
Avec l’aide des chercheurs, les agriculteurs ont eu des recommandations qui ont permis de réussir la campagne.
Pour Ayeva Bassarou, Directeur du Centre de recherche agronomique savane humide de Kolokopé « La nouvelle campagne de coton s’annonce meilleure que l’année précédente, qui a été affectée par les dégâts causés par une nouvelle espèce de ravageurs appelés Jassides. Des études ont été menées sur cette espèce, ce qui a permis d’identifier une nouvelle molécule mise à disposition des producteurs par la NSCT, offrant de bons résultats. Cependant, en raison du dérèglement climatique, des règles doivent être suivies dès la période des semis. Il est recommandé d’opter pour le semi-direct sous couvert végétal, un système permettant aux cultivateurs de semer sans attendre de fortes pluies. Pré-traiter le champ avec des herbicides et réaliser les semis sur les paillés favorisent la conservation de l’eau dans le sol et la croissance rapide des plants. Il est essentiel de bien entretenir les plants de coton en utilisant de bons intrants et en suivant les étapes de traitement. Les études ont identifié environ 1500 ravageurs du cotonnier, d’où l’importance des traitements. Selon les évaluations, un champ de coton non traité peut perdre jusqu’à 60% de son rendement ».
Dans le secteur de la production du coton au Togo, les femmes sont souvent rares. Elles sont victimes de la non disponibilité des terres et de l’influence des hommes sur eux. Ce qui ne favorise pas leur emergence dans le secteur. Mais Mme MORONGOU Namana, trésorière générale de la FNGPC COOP-CA, est une figure remarquable dans la production de l’or blanc au Togo. Elle cultive chaque année trois hectares de coton, grâce à l’aide de son mari qu’elle a suivi plusieurs années avant de la léguer des parcelles cultivables dont elle emblave aujourd’hui.

« L’avantage c’est que la production du coton permet un important rendement comparativement à d’autres cultures notamment le maïs. Il suffit de faire bien la rotation. C’est très bénéfique et ça permet une autonomie financière », a confié Mme Mme MORONGOU. D’ailleurs elle plaide pour une inclusion totale des femmes dans cette filière.
Après les champs, les journalistes ont mis le cap sur Atakpamé pour une rencontre en salle, avec les cadres du FNGPC, de la Nouvelle Société Cotonnière du Togo (NSCT) et de l’Institut Togolais de Recherche Agronomique (ITRA).
Là, la conférence-débat à permis à travers trois communications notamment « La FNGPC COOP-CA, une plateforme des producteurs de coton, engagés pour l’émergence de la filière cotonnière au Togo », « Les efforts de la recherche pour la lutte contre les jassides » et « La place du coton dans l’économie nationale », de faire connaître aux professionnels des médias les efforts déployés par les différents acteurs pour la relance de l’or blanc dans le pays.
Une rencontre ouverte par le représentant du ministre en charge de l’agriculture de relever que « L’impact de l’économie cotonnière n’est plus à démontrer par rapport à sa contribution au Produit intérieur brut (PIB). En effet, elle constitue une source de revenus pour des milliers d’agriculteurs dont les femmes et les jeunes. Au regard de son rôle dans le développement du tissu économique et social, le gouvernement a placé la filière coton au cœur des préoccupations de développement. Aujourd’hui, la FNGPC COOP-CA est plus qu’attendu pour jouer un rôle dans la mobilisation des producteurs et le recherche constante des solutions innovantes permettant d’améliorer les productions et rendements et de professionnaliser d’avantage les groupements de producteurs », a souligné Djobo sSolizama, Directeur des semences agricoles et plants, représentant du ministre.
Première culture industrielle du Togo et quatrième produit d’exportation du pays après le klinker, le ciment et le phosphate, le coton est l’un des produits agricoles qui contribue de manière substantielle au PIB, soit à hauteur de 1 à 4,3%.
« Le grand défi, aujourd’hui, reste en effet l’amélioration de la productivité et de rendement en renforçant le leadership des groupements de producteurs, afin de retrouver et dépasser dans une large mesure, les années précédentes de grande production », a-t-il fait savoir.
Cette sortie des journalistes a permis aux responsables de la FNGPC COOP-CA, de mettre en confiance, non seulement les autorités mais aussi les partenaires techniques et financiers, quant à la contribution des cotonculteurs pour l’atteinte des objectifs de la feuille de route gouvernementale (2020-2025).
Créée le 21 octobre 2005, la FNGPC COOP-CA compte 5 unions régionales, 27 unions préfectorales, 3.075 groupements de producteurs de coton, avec plus de 153.000 producteurs de coton sur l’ensemble du pays.