Ouverture du procès de Frère Hounvi au Bénin ; Amertume à Lomé face à la complaisance de la CRIET
L’ouverture du procès de l’activiste béninois Frère Hounvi, de son vrai nom Steve Amoussou, par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) ce 7 octobre 2024 a suscité des réactions mitigées et intensifié les tensions diplomatiques entre le Bénin et le Togo. La justice togolaise, particulièrement sensible à l’évolution de cette affaire, exprime une profonde amertume quant à ce qu’elle perçoit comme une complaisance de la CRIET face aux mandats d’arrêt émis par Lomé contre des individus impliqués dans des actes délictueux graves sur le territoire togolais.
Frère Hounvi, activiste notoire et figure critique des gouvernements régionaux, voit son procès remettre en question la coopération judiciaire entre le Togo et le Bénin. Au cœur des tensions se trouvent également trois autres individus recherchés par les autorités togolaises : Jimmy Gandaho, Géraud T.J. Gbaguidi Ouanilo et Médégan Fagla, Directeur Général du Centre National d’Identification des Numéros (CNIN). Le Togo avait émis des mandats d’arrêt contre ces derniers, accusés de complicité dans l’enlèvement de Steve Amoussou et d’infractions liées au non-respect des conventions internationales d’extradition, notamment en matière de protection des réfugiés.

L’opinion togolaise dénoncent la complaisance de la CRIET dans l’exécution des mandats d’arrêt et y voient un signe de complotisme, qui nuirait à la rigueur judiciaire. Le traitement de ce dossier avec la comédie et le simulacre de procès ou Steve Amoussou s’était constitué partie civile le 03 septembre 2024 a indigné plus d’un face à une affaire de criminalité transnationale. Une attitude perçu comme indulgent par Lomé et pose la crainte d’un affaiblissement des mécanismes de coopération judiciaire régionale, susceptibles de créer des failles juridiques permettant à des criminels de contourner la justice.
L’opinion togolaise insiste fermement sur la nécessité d’une collaboration judiciaire bilatérale effective et s’inquiète des incohérences qui pourraient émerger si les engagements internationaux en matière de lutte contre la criminalité transfrontalière ne sont pas respectés. Pour Lomé, cette complaisance apparente de la CRIET compromet la crédibilité de la justice béninoise et pourrait encourager une impunité préjudiciable aux efforts régionaux de sécurité et de stabilité.
Alors que le procès de Frère Hounvi se poursuit, les autorités togolaises attendent de la CRIET une prise de position claire et rigoureuse, capable de rassurer sur la solidité de l’appareil judiciaire béninois face à des affaires délicates de criminalité transnationale.
Les regards restent ainsi tournés vers la CRIET, qui devra démontrer sa détermination à faire respecter la loi sans parti pris et à répondre aux attentes pressantes d’un Togo soucieux de justice et de protection pour ses citoyens et les réfugiés sur son territoire.
Adam Adjronou