Togo / Menaces de persécutions, Un journaliste condamné à l’exil 

Les actes d’intimidation, le harcèlement et les violences que subissent les journalistes est plus qu’une réalité dans le monde. Dans leurs investigations, ces hommes de médias prennent d’énormes risques pour éclairer l’opinion. Conséquences, ils sont contraints à l’exil. Au Togo, force est de constater que malgré les garanties de l’Etat pour une liberté d’expression, des cas de violations sont mis sous éteignoir. Un confrère de la presse privée en a fait les frais.

Loin de la mère patrie et condamné à d’abandonner son travail et sa famille, notre confrère Yann King de son vrai nom Hantou Anika dans un article publié  dans le journal ‘’Le pilote’’ en 2015, titré « Commercialisation illicite du carburant au Togo : qui trompe qui ? » pour avoir levé à travers sa plume un coin du voile sur un phénomène d’une extrême récurrence, n’a pas eu le choix que d’opter pour la clandestinité.

Le journaliste en question dans une enquête  a exposé les tenants et les aboutissants d’un ‘’business’’ jugé par certains très lucratif, qu’est la vente du carburant de contrebande mais interdit en territoire togolais. Ce commerce illicite s’est imposé  dans un contexte de vie chère, marqué par la hausse du prix du carburant à la pompe.

« On assiste dès lors à l’apparition des étalages de vente de Boudè sortis de nulle part au bord quasi de la plupart des artères du grand Lomé. Pleins de véhicules à double réservoir continuent par circuler entre Hillacondji (Localité situé à la frontière sud-Est entre le Togo et le Bénin) et Lomé ; d’inqualifiables va et vient de moto chargés de bidons jaunes en provenance du Ghana sont signalés entre Ségbé et Lomé. Pire encore, il suffit de prendre la direction de Kpalimé pour juger par soi-même de l’ampleur du phénomène avec des jeunes (mineurs et majeurs) puis matures debout au bord de la route ou juste à côté sous des hangars de fortune faisant signe de stopper les automobilistes en route vers la sphère sud-ouest du pays, conçu comme une solution même si éphémère soit elle contre le chômage. », écrivait Yann King pour décrire une réalité aux conséquences néfastes.

Dans ce dossier édifiant et qui a valu malheureusement un exil à l’auteur, des révélations  sont faites sur la finalité des opérations menées par les forces de l’ordre et de sécurité.

« Le carburant quant à lui n’est jamais restitué mais prend une direction jusque-là méconnue par les fils et filles du pays. D’autre part, les malheureux qui se font prendre, faute de vigilance négocient sur place ou en cours de route leur libération et celle de leur bien au prix de plusieurs billets de banque qui changent rapidement de main ; les caisses de l’Etat sont-elles au courant de ces élucubrations ? Nul ne sait. ». Ces révélations qualifiées de troublantes par certains observateurs, jettent du discrédit sur le travail des forces de l’ordre et de sécurité.

etalage de vente d’essence

 
Toutes les vérités ne sont  pas bonnes à dire. L’auteur de l’enquête sur ce phénomène de commerce illicite de carburant lequel, doit interpeller à la conscience citoyenne, selon nos investigations a été victime d’intimidation et de sérieuses menaces. L’entourage de l’intéressé prend ces menaces très au sérieux et avance même qu’un danger pèserait sur lui.

Au regard de ce qui précède l’on peut affirmer sans ambages que la liberté d’exercice de la profession de journaliste voulu et clamer par les autorités togolaises n’est que nenni surtout lorsque vous touchez aux intérêts de certaines personnalités  influentes, tapies dans l’ombre.

Où se trouve la liberté d’expression tant claironnée dans un pays où toutes les cases de sa menace sont cochées ? Loin sans faut, le dernier rapport  présenté par le Togo au Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies lors de sa 19ème session dans le cadre de l’Examen périodique universel (EPU) et qui faisait l’apologie de la liberté d’expression a encore du chemin à parcourir.

Il est d’une nécessité absolue pour les Etats du monde de préserver et de définir les conditions pour préserver les gains acquis pour la liberté des journalistes.

La Rédaction

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