Lomé : les experts plaident pour des financements innovants au service de la transformation économique de l’Afrique

 

La Conférence de l’Union africaine sur la dette publique, tenue à Lomé, a été marquée le mardi 13 mai par une table ronde d’experts autour du thème : « Financement innovant de la dette dans le cadre de l’Agenda de transformation de l’Afrique : naviguer dans le paysage actuel du financement du développement ».

Cette session a permis aux panélistes d’examiner le contexte actuel du financement du développement en Afrique et de mettre en lumière les approches les plus pertinentes en matière de financement innovant. L’objectif : doter le continent de mécanismes financiers capables de répondre aux exigences de l’Agenda 2063 de l’Union africaine et des Objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies.

Les experts ont rappelé que la mobilisation de ressources financières adéquates est un facteur déterminant pour permettre à l’Afrique de concrétiser ses ambitions de transformation structurelle. Les besoins en financement du développement sur le continent sont en constante augmentation, avec des estimations avoisinant les 200 milliards de dollars par an.

Le Professeur Fadhel Kaboub, président du Global Institute for Sustainable Prosperity, a souligné que les flux financiers extérieurs — transferts de fonds, investissements de portefeuille, aide publique au développement, investissements directs étrangers — ont connu un net repli, en raison de la conjoncture économique mondiale défavorable. Pour lui, il est impératif d’identifier des alternatives viables et durables afin de soulager la pression sur les finances publiques et soutenir l’expansion économique tout en réduisant la pauvreté.

Dans le même esprit, Yoan Raih, économiste senior au sein du Finance for Development Lab, a affirmé que le recours systématique à l’endettement ne peut plus être une solution. Selon lui, il est temps d’opérer un changement de paradigme : « L’enjeu n’est plus seulement d’emprunter, mais d’investir stratégiquement ». Il a insisté sur l’urgence d’orienter les financements vers des secteurs porteurs tels que l’énergie, les infrastructures et l’industrie, capables de générer une croissance durable et inclusive.

Les discussions ont également permis de dresser un état des lieux préoccupant : la dette publique totale des pays africains s’élevait à 1.860 milliards de dollars en 2024, contre un ratio dette/PIB passé de 44,4 % en 2015 à 66,7 % actuellement. Plus de vingt pays africains sont aujourd’hui au bord d’une crise budgétaire, contraints à faire des arbitrages difficiles entre le remboursement de la dette et les investissements essentiels dans la santé, l’éducation ou les infrastructures.

Face à cette situation critique, les experts réunis à Lomé ont appelé à une refondation des politiques de financement du développement, reposant sur l’innovation, la résilience et l’investissement productif.

Adjovi TIESSI

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