Charlie Komar PDG du groupe Komar : « Nous avons vu ici une main-d’œuvre motivée, des infrastructures performantes et un gouvernement ouvert aux investisseurs »
L’image est saisissante : celle d’un chef d’entreprise américain, installé face aux autorités togolaises, exprimant publiquement sa confiance en un pays où son groupe n’avait encore jamais réalisé d’investissement industriel. Le mercredi 18 juin 2025, Charlie Komar, PDG du groupe Komar, était à Lomé pour inaugurer la première usine africaine de Star Garments, filiale textile du groupe basé aux États-Unis.
Ce projet, baptisé Renaissance Togo, incarne la convergence de plusieurs dynamiques : l’expertise industrielle asiatique, le soutien de la finance multilatérale, et la mise en œuvre d’une stratégie nationale d’industrialisation audacieuse et structurée.
Une conviction forgée sur le terrain
« Ce choix n’est pas le fruit du hasard. Nous avons vu ici une nation qui se lève, un gouvernement tourné vers la stabilité, des infrastructures modernes, et une politique d’investissement accueillante. Nous avons vu une main-d’œuvre qualifiée, motivée et fière – prête à construire, à créer, à innover », a déclaré Charlie Komar lors de son discours inaugural, en présence du Président du Conseil, de plusieurs ministres togolais, ainsi que des représentants de la Société financière internationale (SFI), principal partenaire financier du projet.

À la tête d’une entreprise familiale centenaire dont le parcours traverse guerres et mutations industrielles, Komar insiste sur le facteur humain : « Cette usine n’est pas seulement faite de machines. Ce qui importe ici, c’est l’énergie humaine, l’ingéniosité, la passion. C’est un logiciel vivant, bâti selon les normes les plus strictes de qualité mondiale. »
Une plateforme textile tournée vers l’export
Implantée sur la Plateforme industrielle d’Adétikopé (PIA), l’usine de Star Garments occupe une superficie de 3,7 hectares. Elle emploie déjà 304 personnes, avec pour ambition d’atteindre 2000 emplois directs et 4520 emplois directs et indirects d’ici à 2030, dont 60 à 70 % seront réservés aux femmes.
« Dès demain, nous produirons ici des vêtements qui seront portés à travers le monde. Mais plus encore, nous bâtirons un avenir avec des milliers d’emplois, de vastes opportunités pour les femmes et les jeunes, et un nouveau chapitre du génie textile en Afrique de l’Ouest », a souligné le PDG du groupe Komar.
Une rencontre intercontinentale à l’origine du projet
À l’origine de cette implantation : la rencontre déterminante entre Arumugampillai Sukumaran, directeur général du groupe Star Garments, basé au Sri Lanka, et son partenaire américain. Ensemble, dès 2019, ils explorent plusieurs destinations en Afrique et en Asie – Éthiopie, Kenya, Ghana, Bénin, Bangladesh…
Mais c’est au Togo qu’ils identifient un environnement unique : « Nous avons trouvé un écosystème portuaire performant, une volonté politique claire et une capacité à raconter une histoire que nos concurrents ne pouvaient pas raconter », confie Sukumaran.
Séduit par cette vision partagée, Komar décide d’investir. Un pari que la Société financière internationale (SFI) a soutenu sans hésitation. « Un emploi stable est le moyen le plus sûr de sortir durablement de la pauvreté et de garantir la cohésion sociale », a rappelé Olivier Buyoya, directeur régional de la SFI pour l’Afrique de l’Ouest.
Un modèle de coopération public-privé
« Nous croyons au Togo et à tout ce qu’il a à offrir. Et nous demandons le soutien de chacun dans cette salle pour faire de cette vision une réalité », a lancé Sukumaran, plaidant pour un engagement collectif. Pour Komar, cette nouvelle usine symbolise une réussite : celle d’une coopération exemplaire entre l’État, les investisseurs privés et les partenaires techniques et financiers.
Le pari est désormais engagé – et s’inscrit dans la durée. « Ce n’est que le début », ont affirmé les dirigeants du groupe, convaincus que le Togo est en passe de devenir un acteur majeur de l’industrie textile mondiale, à partir d’un modèle de développement inclusif et durable.
Dodji KETOHOU