Le Togo, carrefour logistique émergent en Afrique de l’Ouest
Depuis plusieurs années, le Togo s’engage dans une transformation majeure visant à le positionner comme un hub logistique de premier plan en Afrique de l’Ouest. Cette ambition s’appuie sur une modernisation continue de ses infrastructures de transport, incluant un développement stratégique du port autonome de Lomé, des corridors routiers et des infrastructures aéroportuaires. Grâce à ces efforts, le pays améliore sa compétitivité régionale et attire de nouveaux investissements.
Une infrastructure routière en pleine mutation
Le Togo dispose d’un réseau routier de 11 777 kilomètres, comprenant 2 101 kilomètres de routes nationales revêtues et 6 802 kilomètres de pistes rurales essentielles au désenclavement des zones éloignées. Trois corridors stratégiques facilitent les échanges commerciaux : Lomé-Ouagadougou-Niamey, Lomé-Hillacondji et Abidjan-Lagos.
Des projets de modernisation majeurs sont en cours, notamment la réhabilitation de la route nationale n°5 (Lomé-Kpalimé) sur 120 kilomètres pour un coût de 214 milliards FCFA, et la route Sokodé-Bassar sur 75 kilomètres (35 milliards FCFA). Le contournement de Sokodé et le dédoublement de la route nationale n°1, projet clé nécessitant un investissement de 620 millions de dollars, visent à fluidifier le trafic et renforcer l’intégration régionale.
Le port de Lomé : une plateforme en expansion
Inauguré en 1968, le port de Lomé est le seul port en eau profonde de la côte ouest-africaine. Il joue un rôle central dans l’économie togolaise, notamment grâce à des investissements récents, dont la construction de Lomé Container Terminal (LCT) en 2013 pour 225 millions d’euros et l’extension du quai Bolloré en 2014 pour 300 milliards FCFA. Ces efforts ont permis d’accroître le volume de transbordement, qui est passé de 311 500 EVP en 2013 à 1,9 million d’EVP en 2023, positionnant le port au 94e rang mondial.

Pour optimiser la logistique, le port sec de la Plateforme industrielle d’Adétikopé (PIA), opérationnel depuis 2022, offre une capacité d’accueil de 12 500 conteneurs et facilite le transit vers les pays enclavés du Sahel. En 2024, l’arrivée de compagnies maritimes majeures comme MSC, MAERSK et CMA CGM a renforcé son attractivité.
L’aéroport de Lomé, levier stratégique pour l’intégration régionale
L’aéroport international Gnassingbé Eyadema (AIGE), étendu sur 413 hectares, a bénéficié d’une rénovation majeure en 2016. Desservi par des compagnies internationales comme Ethiopian Airlines et Air France, il a enregistré 1,4 million de passagers en 2023, avec un objectif de 1,5 million d’ici 2025.
ASKY et Ethiopian Airlines développent de nouvelles liaisons, notamment vers Houston, affirmant la position de Lomé comme un hub aérien régional. L’expansion prévue de l’aéroport inclut l’ajout de nouvelles portes d’embarquement, l’extension des salles d’attente et la construction d’un hôtel pour passagers en transit.
Le second aéroport du pays, situé à Niamtougou, fait l’objet d’un projet de réhabilitation avec un investissement de 2,2 milliards FCFA, visant à renforcer sa vocation logistique pour le fret et les échanges avec les pays de l’hinterland.
Des défis à relever pour renforcer la compétitivité
Malgré ces avancées, plusieurs défis subsistent. L’état de dégradation de la route nationale 1 freine la compétitivité logistique du pays, rendant son dédoublement prioritaire. L’amélioration des infrastructures portuaires et la modernisation des corridors d’échanges avec les pays sahéliens sont également cruciales pour renforcer la position du Togo en tant que plateforme incontournable en Afrique de l’Ouest.
La mise en place d’un réseau ferroviaire reliant Lomé à Cinkassé pourrait offrir une alternative durable au transport routier et fluidifier les échanges commerciaux. De plus, la digitalisation des services portuaires, amorcée en août 2024 avec la dématérialisation des déclarations et paiements en ligne, constitue un levier essentiel pour améliorer l’efficacité logistique.
Enfin, le développement de nouvelles zones industrielles et la modernisation des infrastructures urbaines du Grand Lomé apparaissent comme des priorités pour accompagner la dynamique économique en cours.
Grâce à ces initiatives, le Togo se positionne progressivement comme un acteur clé de la logistique en Afrique de l’Ouest, renforçant son attractivité pour les investisseurs et consolidant son rôle dans les échanges commerciaux régionaux.
AA