Employés licenciés de SUNU Bank Togo : les centrales syndicales maintiennent la pression pour la réintégration des employés licenciés
Le samedi 11 octobre 2025, le siège du Syndicat des Banques et Assurances (SYNBANK) à Lomé a servi de cadre à une Assemblée générale intersyndicale d’une importance particulière. À l’ordre du jour : le dossier brûlant des licenciements jugés abusifs à SUNU Bank Togo, qui continue d’alimenter les débats dans le monde du travail et de mobiliser la solidarité syndicale nationale.

Cette rencontre, qualifiée d’« agora syndicale », est la seconde du genre, après celle du 16 août dernier, organisée dans le même contexte. Elle intervient dans un climat de tension persistante, marqué par des sit-in successifs et des échanges avec le ministre en charge de la Fonction publique, du Travail, des Réformes administratives et du Dialogue social, au sujet du licenciement de 42 salariés de SUNU Bank, pour des motifs jugés non fondés et contraires aux dispositions du Code du travail.
Une unité syndicale face à un dossier emblématique
Les centrales syndicales du Togo, regroupées pour l’occasion, ont réaffirmé leur détermination à faire front commun. Étaient représentées :
- la Confédération Syndicale des Travailleurs du Togo (CSTT), conduite par Mme Folikoué Kayi ;
- le Groupe des Syndicats Autonomes (GSA), représenté par M. Baba Awoula Yati ;
- l’Union Nationale des Syndicats Indépendants du Togo (UNSIT), avec M. Senouvo M. Vissikou ;
- et la Synergie des Travailleurs du Togo (STT), dirigée par Mme Lawson-Oloukounlé Nadou.
Cette mobilisation intercentrale illustre la volonté des acteurs syndicaux de parler d’une seule voix face à ce qu’ils considèrent comme une atteinte grave aux droits fondamentaux des travailleurs.
Des licenciements jugés illégaux et discriminatoires
Dans la déclaration liminaire lue par Mme Nadou, Coordinatrice générale de la STT, les syndicats ont rappelé les faits : 45 salariés (dont 27 femmes et 15 hommes), parmi lesquels le Secrétaire général du Syndicat des employés de SUNU Bank, ont été remerciés de manière brutale sous des prétextes économiques jugés fallacieux.

« Ces licenciements abusifs ont été opérés avec une brutalité hors du commun, en invoquant des causes inexactes pour justifier de prétendus motifs économiques, en violation du droit, de la procédure et de toutes les dispositions légales en la matière », a dénoncé Mme Nadou.
Les centrales syndicales exigent le retour sans condition des 42 employés encore en attente de réintégration et promettent de recourir à toutes les voies légales pour que justice soit rendue.
« Nous sommes prêts à user de toutes les voies de recours prévues par la loi afin que les droits des travailleurs victimes soient respectés », a-t-elle insisté, dans une salle acquise à la cause des employés licenciés.
Le droit syndical au service de la justice sociale
Prenant la parole à son tour, M. Baba Awoula Yati, Secrétaire général du GSA, a rappelé la légitimité de cette démarche unitaire au regard du droit du travail togolais :
« Le Code du travail autorise les syndicats à se regrouper en fédérations ou en unions pour défendre leurs droits. L’unité d’action syndicale recommande que, lorsqu’un problème touche une organisation, les autres centrales viennent en soutien pour faire aboutir les revendications. C’est exactement ce que nous faisons aujourd’hui. »
Pour les représentants syndicaux, le dossier SUNU Bank dépasse le simple cadre d’une entreprise privée : il interroge le respect du dialogue social, la sécurité de l’emploi et la dignité du travailleur togolais.
Un dossier toujours sur la table des négociations
Ce conflit social, qui a éclaté à la suite des licenciements annoncés en septembre 2024, est toujours au centre des négociations entre les syndicats, la direction de SUNU Bank Togo et le ministère en charge du Travail. Les précédentes rencontres de conciliation n’ayant pas abouti, les syndicats réclament désormais une médiation plus ferme de l’État.
Ils appellent les autorités à faire respecter les principes de justice et d’équité, rappelant que le Togo s’est engagé sur la voie du travail décent et de la protection des travailleurs, conformément aux conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT) ratifiées par le pays.
Une mobilisation appelée à s’amplifier
À l’issue des travaux, les centrales ont réaffirmé leur unité d’action et leur vigilance face à toute tentative d’intimidation ou de répression. D’autres actions de plaidoyer et de sensibilisation sont envisagées si les négociations n’aboutissent pas.
Le cas SUNU Bank Togo pourrait ainsi devenir un test national pour l’effectivité du dialogue social et la capacité des institutions à protéger les travailleurs contre les abus patronaux.
Dans un contexte économique tendu, les syndicats appellent à renforcer le rôle régulateur de l’État et à promouvoir un climat social fondé sur la transparence, la concertation et le respect mutuel.
Jédeon Agbobli-Dougno